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BYZANCE La littérature

L'âge d'or (1025-1204)

Au point de vue de la culture, le « siècle des Comnènes » commence en fait avec le déclin de la dynastie macédonienne, après la mort de Basile II (1025) ; durant le long règne du plus grand souverain byzantin, sorte de moine-soldat peu ami des lettres, Byzance subit une éclipse intellectuelle. Après lui, la noblesse civile accède au pouvoir, et avec elle grandit l'influence de la bourgeoisie lettrée, dont Michel Psellos est le principal représentant. C'est en vue d'ouvrir plus largement aux lettrés les grandes carrières administratives que Constantin IX réorganise une fois de plus l'Université, dont il confie la direction à Michel Psellos, avec le titre de « consul des philosophes ». À côté de l'Université fonctionne l'école patriarcale, qui forme les futurs cadres de la hiérarchie ecclésiastique aux études profanes avant de leur dispenser un enseignement proprement religieux.

Un nouvel humanisme

La littérature de ce temps a donc pour base une culture générale plus profonde et mieux équilibrée, plus directement reliée aux sources antiques que celle du siècle précédent : c'est le début d'un nouvel humanisme, que favorisent encore au xie siècle les rapports multipliés avec l'Occident latin. Sous les Comnènes, pourtant issus de la noblesse militaire, la Cour deviendra, non plus un foyer d'érudition comme sous Constantin VII, mais celui d'une culture plus créatrice et plus artiste qu'à l'époque macédonienne. La différence se mesure bien au style des écrivains de l'une et l'autre période : au lieu de chercher à prouver son savoir par une langue très travaillée et chargée de termes rares, on cherche à se conformer au canon d'un atticisme rénové. En ce faisant, d'ailleurs, on s'éloigne encore davantage de la langue parlée, ce qui correspond à la tendance fortement aristocratique de la société des Comnènes.

Le début de cette époque est dominé par la puissante personnalité de Michel Psellos (1018-1078), petit bourgeois parvenu aux plus hautes charges, érudit universel dans la grande tradition des lettrés byzantins, mais surtout passionné de rhétorique et de beau style : c'est lui qui, par l'étude approfondie de Platon et des orateurs de toutes les époques, a mis au point une nouvelle prose d'art, au rythme réglé par des lois sévères, au vocabulaire extrêmement riche, qui s'affinera encore sous les Comnènes. Psellos est aussi à l'origine de la renaissance de la philosophie byzantine, et particulièrement du platonisme, car il rêva d'unifier l'ensemble des connaissances humaines en un schéma platonicien, en se servant d'ailleurs de la logique d'Aristote, qui profita donc lui aussi de ce renouveau philosophique. Le mouvement s'amplifia au xie siècle avec des platoniciens comme Jean Italos, Michel Italikos, Sotérikos Panteugénos qui soutint le nominalisme, et des commentateurs d'Aristote comme Michel d'Éphèse, Eustrate de Nicée, qui fut traduit en latin. Les efforts de cette école pour donner au dogme une interprétation rationnelle ont contribué à la naissance de la scolastique occidentale, mais à Byzance ils furent mal vus du clergé et des Comnènes eux-mêmes, qui avaient besoin de l'appui de l'Église. Jean Italos et Eustrate furent condamnés pour hérésie.

Il n'en existe pas moins, dans l'Église d'alors, un courant très favorable à la culture profane, surtout chez les hauts prélats : tels le patriarche Jean Xiphilin (1010 env.-1075 env.) qui appliqua la philosophie à l'étude du droit et dont les travaux ont eu une grande influence sur l'école de Bologne, les archevêques Théophylacte d'Achrida (mort vers 1108), Eustathe de Thessalonique (mort vers 1198), bien connu pour ses commentaires des auteurs classiques, ou Michel Acominate (1140-1220).[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à l'École pratique des hautes études
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