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BYZANCE La littérature

La dernière renaissance (1282-1453)

On pourrait s'attendre à ce qu'à la lente décomposition de l'État byzantin à partir de la mort de Michel VIII (1282) corresponde une décadence intellectuelle. Il n'en est rien. En réalité, la haute culture qui est de tradition dans la dynastie des Paléologues, la nouvelle Université réorganisée par Manuel II et qui attirera les étudiants italiens, le prestige du patriarcat et de son école, une décentralisation imposée par le morcellement du domaine byzantin et qui fera de Thessalonique et surtout de Mistra des centres de culture, le grand mouvement spirituel de l'hésychasme enfin, tout cela contribue à maintenir la vitalité des lettres byzantines ; et plus encore, peut-être, les contacts plus fréquents avec l'Occident et l'épanouissement d'un esprit de liberté grâce à la disparition de la contrainte exercée par un État puissant.

Un esprit de liberté

L'impulsion est donnée dès le début de cette période par une génération de grands professeurs et de hauts fonctionnaires – souvent les deux à la fois – tels que Georges Pachymère (1242 env.-1310 env.), qui compila Aristote dans sa Philosophie et, dans ses Récits historiques, continua Georges Acropolite dans un sens antilatin ; le grand philologue Maxime Planude (1260 env.-1310 env.), l'éditeur de l'Anthologie palatine, qui fit connaître aux Grecs saint Augustin et peut-être saint Thomas ; Nicéphore Choumnos (1255 env.-1327), philosophe éclectique qui chercha à concilier la physique et la cosmologie des Anciens avec la doctrine chrétienne ; et surtout le grand logothète Théodore Métochite (1269-1332), savant curieux de tout, dont l'œuvre très vaste est en grande partie inédite. Il est connu d'abord comme restaurateur de l'astronomie (Introduction à la science astronomique) ; mais il fut aussi un poète assez personnel. Son disciple Nicéphore Grégoras (1295-1360), adversaire malheureux de l'hésychasme, fut aussi un homme de grand savoir et un astronome, qui préconisa avec deux siècles d'avance la réforme du calendrier (De la date de Pâques) ; Grégoras, en plus, est historien. Son Histoire romaine en trente-sept livres, désordonnée mais de vaste conception, est importante pour l'histoire de l'hésychasme. Toute cette école est divisée par une querelle de rhéteurs – c'est l'époque où la rhétorique envahit tout – entre les tenants de l'atticisme (ou de ce qu'on prend alors pour l'atticisme) et de l'imitation des Anciens, tels que Choumnos, et les « Modernes » comme Métochite, dont la manière, semble-t-il, était plus exubérante et passionnée.

L'influence de ces grands lettrés, au xive siècle, est plus heureuse dans le domaine scientifique que dans le domaine littéraire. Les ouvrages qui ont le plus d'intérêt à ce dernier point de vue sont, en poésie, les Hymnes à la Mère de Dieu, de Nicéphore Callistos Xanthopoulos (mort vers 1350), connu aussi comme historien ecclésiastique ; en prose, l'Histoire de l'ex-empereur Jean VI Cantacuzène (1292 env.-1383 env.), dont la relative simplicité de style est rare pour l'époque. Le mouvement scientifique est représenté par des philologues comme Thomas Magister, des astronomes comme Théodore Méliténiote, des médecins : au xiiie siècle Nicolas le Myrepse, dont le traité Des médicaments servit de codex à Paris jusqu'au xviiie siècle ; au xive, Jean l'Actuaire, précurseur de la psychiatrie (Sur les effets normaux de l'esprit animal et sur son comportement).

Un dernier éclat

L'histoire religieuse du xive siècle est, comme on le sait, dominée par le mouvement hésychaste, qui appartient à l'histoire ecclésiastique plutôt qu'à l'histoire littéraire. On notera cependant que la querelle soulevée par cette doctrine, purement mystique et monastique[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à l'École pratique des hautes études
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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