BYZANCE Les arts
Les témoignages artistiques occupent une place de premier plan dans l'héritage laissé par Byzance. Pourtant, la documentation conservée est très lacunaire et elle n'est pas représentative de l'ensemble de la création artistique. Les monuments de Constantinople ont beaucoup souffert des destructions, plus que ceux des provinces et de la périphérie du monde byzantin. En outre, l'architecture profane reste très mal connue, alors que les édifices religieux sont conservés en grand nombre. Enfin, les œuvres d'arts somptuaires (ivoires, émaux, orfèvrerie, manuscrits, etc., souvent transportés en Occident à l'époque des croisades) offrent un champ d'investigation beaucoup plus vaste que les réalisations monumentales. Le matériel conservé ne représente donc qu'une faible partie de la production artistique de Byzance. L'étude de celle-ci souffre, en outre, du petit nombre d'œuvres datées avec certitude et localisées avec précision. Si le rôle de Constantinople fut, sans nul doute, primordial dans l'élaboration de l'art byzantin et dans sa diffusion, il faut se garder d'attribuer à la capitale toutes les œuvres de bonne qualité. Là, comme ailleurs, plusieurs niveaux de production artistique coexistèrent, en fonction du milieu social des commanditaires.
C'est au ive siècle, avec la Paix de l'Église et le transfert de la capitale de l'Empire romain sur les rives du Bosphore, que commence l'histoire de l'art byzantin, art qui doit certaines de ses caractéristiques les plus essentielles aux structures politiques et religieuses de cet empire autocratique et chrétien. Tout au long de l'histoire de Byzance, art impérial et art religieux resteront étroitement liés, conséquence de la conception théologique du pouvoir : l'empereur tient son autorité de Dieu, qu'il représente sur terre, et la majesté terrestre n'est que le reflet de la majesté céleste. Ainsi l'art chrétien, qui n'était au iiie siècle qu'une branche modeste de l'art du Bas-Empire romain, acquiert-il, au ive siècle, un caractère public, officiel : il bénéficie alors de l'appui et de la richesse des empereurs et des classes dominantes de la société. L'époque protobyzantine (iveviie s.), transition entre l' Antiquité et le Moyen Âge, réalise la synthèse du christianisme et de la tradition gréco-romaine ; c'est au vie siècle que se dégagent, dans tous les domaines, les caractères spécifiques de l'art byzantin et que se perfectionnent les différentes techniques. Pendant les « siècles obscurs » (viie-première moitié du ixe s.), qui suivent l'effondrement de l'empire de Justinien, l'activité artistique s'est incontestablement ralentie, encore que ce déclin n'ait pas été aussi général qu'on le pensait jusqu'à ces dernières années. Le rétablissement du culte des images, en 843, et une situation politique restaurée favorisent un nouvel essor de l'activité monumentale et artistique sous les empereurs macédoniens (867-1056) : la « renaissance macédonienne ». Cet essor atteint son apogée au xie siècle et dans la première moitié du xiie, phase peut-être la plus accomplie, la plus raffinée de l'art de Byzance, tandis que, dans la seconde partie du xiie siècle, des innovations capitales se produisent, qui portent en germe les transformations ultérieures. Après la coupure de la domination latine (1204-1261), pendant laquelle l'évolution se poursuit hors des frontières de l'Empire, une ultime Renaissance, culturelle et artistique, s'épanouit sous les Paléologues (1261-1453) et l'art de Byzance rayonne alors sur un très vaste territoire.
L'architecture
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Écrit par
- Catherine JOLIVET-LÉVY : maître de conférences à l'université de Paris-I
- Jean-Pierre SODINI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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