BYZANCE Les arts
Les icônes
L' icône portative, peinte sur un panneau de bois, est peut-être l'expression la plus caractéristique de l'art et de la spiritualité de Byzance. Nouvelles découvertes et travaux récents ne cessent d'en faire progresser l'étude, et pourtant, si le corpus des œuvres s'accroît, si la chronologie souvent s'affine, maints problèmes demeurent, qui touchent à la datation des pièces, à la localisation des centres de production et à l'origine des artistes.
Multipliées pour répondre aux besoins de la piété populaire, les plus anciennes icônes conservées ne sont pas antérieures au vie siècle. Peintes surtout dans la technique de l' encaustique, qui sera abandonnée après le viiie siècle pour la détrempe, ces œuvres pré-iconoclastes sont conservées principalement au monastère de Sainte-Catherine, au mont Sinaï, mais elles proviennent d'ateliers de Constantinople, de Palestine, de Syrie ou d'Égypte.
Si quelques rares exemplaires, toujours au Sinaï, peuvent peut-être être datés de l'époque iconoclaste, l'essor de l'art de l'icône ne commence vraiment que sous les empereurs macédoniens : loin d'être seulement destinées à la dévotion privée, les icônes deviennent alors un élément essentiel du culte liturgique. Bien peu d'œuvres subsistent des ixe et xe siècles, mais on possède heureusement, pour pallier cette lacune, les « icônes » réalisées dans d'autres techniques : marbre, ivoire, stéatite, métaux précieux ou émaux. Exposées dans les églises (en particulier sur le proskynétarion), les icônes commencent à garnir la clôture du chœur (le templon) qui va progressivement se transformer en iconostase (icônes d'épistyle, d'abord, placées sur l'architrave et représentant surtout la Déisis et les Douze Fêtes, icônes d'entrecolonnements, plus tard). La multiplication des icônes est également favorisée aux xe et xie siècles par le développement du culte des saints. Les rares œuvres conservées des ixe et xe siècles sont d'un style assez sévère, tandis que les figures délicates et dématérialisées du xie siècle sont souvent proches de celles des enluminures contemporaines : icônes et miniatures étaient vraisemblablement produites dans les mêmes ateliers et par les mêmes peintres.
Quelques pièces d'une remarquable qualité artistique, provenant probablement des ateliers de Constantinople, nous sont parvenues pour le xiie siècle. L'élégance du dessin et le raffinement des couleurs s'y allient à l'expression d'une spiritualité profonde (Miracle de saint Michel à Chonae et Échelle céleste de Jean Climaque, au Sinaï). La dernière phase, plus maniériste, de la peinture à l'époque des Comnènes est également représentée par un chef-d'œuvre : L'Annonciation du Sinaï, remarquable par sa technique raffinée, l'élégance des figures et leur richesse émotionnelle.
La domination latine (1204-1261) n'a pas interrompu la production d'icônes et toute une série de pièces, plus ou moins marquées d'influences occidentales (icônes dites « des Croisés »), est actuellement l'objet de discussions entre spécialistes qui tentent de déterminer les centres de production (Jérusalem, Acre, la Syrie, le Sinaï ou Chypre) et l'origine des peintres (latins – italiens et français surtout – ou « orientaux »).
L'époque des Paléologues marque l'apogée de la peinture d'icônes à Byzance et dans sa sphère d'influence. Pour satisfaire les besoins croissants de la piété privée, du culte liturgique et de l'exportation, les icônes sont produites en grand nombre dans les ateliers de Constantinople, de Thessalonique, d'Ohrid et d'autres centres, dont l'activité reste toujours difficile à cerner. Le répertoire iconographique s'enrichit et le style suit, malgré un attachement[...]
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Écrit par
- Catherine JOLIVET-LÉVY : maître de conférences à l'université de Paris-I
- Jean-Pierre SODINI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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