BYZANCE Les arts
Les enluminures
Les miniatures de manuscrits représentent un très vaste domaine de l'art byzantin, domaine en partie encore inexploité et qui pose les habituels problèmes de datation et de localisation. La recherche sur les ateliers de miniaturistes n'en est encore qu'à ses débuts, la notion même d'ateliers de peintres et les rapports de ceux-ci avec les scriptoria étant, à Byzance, difficile à cerner.
Dans leur grande majorité, les manuscrits illustrés conservés sont religieux. Les Bibles sont rares (Bible de la reine Christine, Bibliothèque vaticane ; Bible de Nicétas, xe s.) ; la Genèse n'est illustrée séparément qu'à l'époque paléochrétienne (Genèse, Nationalbibliothek, Vienne ; Genèse Cotton, British Library, Londres). On possède, en revanche, plusieurs copies richement enluminées de l'Octateuque, une du Livre des Rois (Bibliothèque vaticane, gr. 333, xie s.) et une de Josué (le Rouleau de Josué du Vatican, xe s.). Le Livre de Job, récit d'édification très populaire au Moyen Âge, a été illustré de cycles narratifs détaillés, que l'on conserve dans une quinzaine de manuscrits. Mais le livre de l'Ancien Testament le plus souvent et le plus richement enluminé est, en raison de son importance liturgique, le Psautier. Le rapport des images au texte est variable. Dans les psautiers « à illustrations marginales » (Psautier Chludov du Musée historique de Moscou ; Pantocrator 61 du Mont Athos, Ms. gr. 20, de la Bibl. nat. de Paris, ixe s. ; Add. 19 352, British Library, Londres, 1066), les miniatures illustrent parfois littéralement le texte qu'elles accompagnent, mais, le plus souvent, elles introduisent un commentaire théologique ou spirituel ou font référence à des doctrines ou à des événements contemporains (enluminures polémiques contre les iconoclastes). Au xie siècle, les images hagiographiques se multiplient, conséquence de l'introduction des lectures de vies de saints dans l'office quotidien. Dans un autre groupe de psautiers, « aristocratiques » ou « à frontispices » (Bibl. nat., Paris, ms. gr. 139, xe s.), l' illustration se limite souvent à la représentation de l'auteur – David –, à des épisodes de sa vie et à quelques scènes inspirées par les psaumes.
Le lectionnaire (ou évangéliaire), qui contient les péricopes de l'évangile pour toute l'année, reçut aussi, à cause de son utilisation liturgique, un décor particulièrement soigné, voire luxueux. Constitué aux xe et xie siècles, il consiste en un petit nombre d'images, généralement en pleine page, représentant les évangélistes et les grandes fêtes liturgiques – compositions solennelles, traitées comme de véritables icônes. Dans de rares tétraévangiles se développent, au contraire, des cycles narratifs très détaillés (Cod. Plut. VI, 23 de la Bibliothèque laurentienne de Florence ; Bibl. nat., ms. gr. 74, xie s.). L'influence de la liturgie est sensible aussi dans l'illustration des recueils de vies de saints, abondamment enluminés à partir du xe siècle (Ménologe de Basile II, au Vatican) et dans celle des homélies patristiques (sermons de Grégoire de Nazianze).
Parmi les autres manuscrits importants, citons les deux exemplaires, très richement illustrés, des homélies sur la Vierge du moine Jacques de Kokkinobaphos (Bibl. nat., ms. gr. 1208 ; Vatican gr. 1162, xiie s.), les Sacra Parallela (Bibl. nat., ms. gr. 923, ixe s.), florilège attribué à saint Jean Damascène, qui regroupe une iconographie aux sources multiples, L'Échelle céleste de Jean Climaque, traité de discipline monastique, ou Le Roman de Barlaam et Joasaph, adaptation à l'usage chrétien de la biographie de Bouddha, tous textes illustrés de cycles détaillés. L'illustration des hymnes (hymne acathiste, canon pénitentiel) reste, en revanche, assez rare et tardive.[...]
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Écrit par
- Catherine JOLIVET-LÉVY : maître de conférences à l'université de Paris-I
- Jean-Pierre SODINI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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