BYZANCE Les arts
La sculpture
Époque proto-byzantine (IVe-VIIe s.)
La sculpture byzantine plonge ses racines dans la sculpture romaine d'Orient, notamment celle du Bas-Empire qui fleurit dans un certain nombre de villes d'Asie Mineure. Celles-ci pouvaient exploiter des carrières proches, particulièrement Éphèse, Aphrodisias et Nicomédie. Des types de sarcophage (à guirlandes, notamment), des chapiteaux (par exemple le rendu de l'acanthe dans les chapiteaux corinthiens), des plaques (comme celles du grand nymphée de Sidé) offraient des traits qui les séparaient déjà de la production occidentale. L'art constantinopolitain se trouvait donc en présence d'un vocabulaire décoratif prestigieux et de marchés déjà constitués sur les rives de la mer Noire et de la Méditerranée. Avec la création de la nouvelle capitale, la production s'amplifia et se diversifia, particulièrement celle de Proconnèse pour qui la construction de Constantinople constituait un marché d'une rare ampleur. Le marbre était en effet omniprésent dans une architecture où les colonnades, les revêtements des murs, les dallages faisaient exclusivement appel à ce matériau. Il faut d'ailleurs noter que certaines schématisations s'introduisirent dans les bases et les chapiteaux. En revanche, certains types apparurent comme le chapiteau ionique à imposte (ce dernier élément s'imposant peu à peu avec la substitution de l'arcade à l'architrave plus courante sous l'Empire), puis les chapiteaux à protomés animalières Poreć) et les chapiteaux en corbeille (comme à Sainte-Sophie de Constantinople ou à Saint-Vital de Ravenne). L'accent était mis de plus en plus sur les contrastes de clair-obscur entre la surface et les parties surcreusées au trépan (acanthe appelée théodosienne), dont les exemples les plus connus, au milieu et au troisième quart du ve siècle, sont à Saint-Jean-Stoudios de Constantinople, à l'Acheiropoietos de Thessalonique et au martyrium de Léonidès au Léchaion, port de Corinthe. Ces valeurs s'accentuent au vie siècle, au moment où apparaît un répertoire ornemental d'aspect orientalisant, bien mis en évidence par la découverte de l'église de Saint-Polyeucte construite en 524-527 par Julia Anicia, parent de Justinien. En dépit de la prépondérance des carrières de Proconnèse et de Constantinople, dont la production était exportée à une grande échelle (cargaison naufragée de tous les éléments préfabriqués d'une église trouvée au large de Marzamemi, en Sicile), d'autres carrières de marbre blanc (Attique, Phrygie) ou de couleur (Thessalie, Carystos, Carie) produisaient en abondance des sculptures comparables. Dans d'autres régions où prédominait le calcaire (Égypte, Syrie du Nord, Lycie) s'épanouissait une sculpture différente possédant un caractère local très affirmé.
Le bas-relief connaît aussi un certain développement, surtout à la fin du ive et au début du ve siècle : colonnes historiées de Théodose (379-395) et d'Arcadius (395-408), qui imitent la colonne Trajane ; base de l'obélisque de Théodose où est représentée la famille impériale. Des sarcophages en marbre, sarcophages à colonnes ou à décor symbolique, étaient destinés à une clientèle riche, constantinopolitaine ou étrangère (exportations vers Ravenne) tandis que des devants de sarcophage reproduisaient, en calcaire, cette sculpture pour une clientèle moins fortunée. Aux alentours de 500 et après, cet art offre de moindres réussites (bases du cocher Porphyrios, ambon de la Rotonde Saint-Georges à Thessalonique).
La statuaire officielle reste importante dans les grands centres comme Sardes, Éphèse, Aphrodisias, Mégare, Corinthe où magistrats et généraux sont souvent représentés avec des expressions et une stylisation étonnantes.
Époque byzantine (IXe-XVe s.)
Après un siècle et demi[...]
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Écrit par
- Catherine JOLIVET-LÉVY : maître de conférences à l'université de Paris-I
- Jean-Pierre SODINI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
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