BYZANCE Les arts
Les arts somptuaires
L'importance du mécénat impérial et aristocratique a favorisé l'essor des différentes techniques d' art somptuaire dans lesquelles les Byzantins ont particulièrement excellé. La richesse des matériaux, le raffinement des formes et les effets de polychromie reflètent les goûts des classes supérieures de la société, qui aimaient s'entourer de ces objets précieux et les utilisaient comme instruments efficaces de propagande. Réalisés à la gloire de Dieu et du donateur, ils constituaient des présents officiels tout indiqués pour les hauts dignitaires, mais aussi pour les papes ou les princes « barbares ». Reçues en présents, rapportées en souvenir ou comme butin, ces pièces, très prisées à l'étranger, ont ainsi joué un rôle essentiel dans la diffusion des modèles byzantins, en particulier en Occident.
L'orfèvrerie
Les pièces conservées ne donnent qu'une faible idée de l'importance de l'orfèvrerie byzantine, mais les témoignages littéraires nous font connaître la richesse et la diversité des œuvres disparues : table d'autel en or massif incrustée de pierres précieuses, à Sainte-Sophie, trône placé sous un ciborium d'or au Grand Palais de Constantinople, vaisselle relatant les victoires impériales, fabriquée avec l'or pris aux Vandales, sont quelques-unes des réalisations du règne de Justinien. Les empereurs iconoclastes, Constantin V, que son goût pour l'or avait fait surnommer le « nouveau Midas », et Théophile, enrichirent leurs palais de multiples pièces d'orfèvrerie : automates, orgues d'or semées de pierres précieuses, meuble à cinq tours (le Pentapyrgion) enfermant les insignes de l'Empire, etc.
Les artisans byzantins utilisèrent et perfectionnèrent les techniques traditionnelles – repoussé, ciselure, filigrane – et aimèrent associer à l'or des perles, des pierres fines de couleurs vives, des pierres précieuses, des incrustations de nielle ou des émaux, créant ainsi de riches effets de couleurs. Cette recherche d'une polychromie chatoyante restera, au cours des siècles, l'une des principales caractéristiques de l'orfèvrerie byzantine.
Les objets parvenus jusqu'à nous sont surtout des bijoux (colliers, croix, amulettes, médaillons, bracelets, bagues, agrafes, boucles d'oreilles, ceintures), généralement retrouvés dans des trésors enfouis dans la terre par leurs propriétaires (trésors de Chypre, de Mersin, de Mytilène, etc.). Pour la technique et le style, les Byzantins s'inspirèrent de la bijouterie romaine, mais ils supprimèrent progressivement, au vie siècle, les motifs païens pour les remplacer par des symboles chrétiens. À l'époque médiobyzantine, les émaux seront de plus en plus souvent associés à l'or, tandis que sous les Paléologues l'appauvrissement général et la pénurie de matériaux précieux provoquent une certaine décadence de l'orfèvrerie.
L'argenterie
Après l'époque paléochrétienne, pour laquelle on dispose d'un nombre important d'objets profanes et liturgiques, décorés de sujet mythologiques et religieux, l'argenterie connaît, sous les Macédoniens (ixe-xie s.), une nouvelle floraison, dont témoigne la variété des œuvres conservées. Le goût a évolué et l'on recherche désormais la diversité des formes et les effets de couleur : l'argent, travaillé au repoussé, ciselé, gravé ou ajouré, est généralement rehaussé de dorure et souvent associé à d'autres matériaux (nielle, émaux, perles et pierres). Les objets conservés sont religieux (croix, reliquaires, vases et ustensiles liturgiques, cadres et revêtements d'icônes, icônes, plats de reliure, etc.), presque rien ne subsistant de l'argenterie profane, pourtant utilisée à profusion pour rehausser la splendeur des palais impériaux.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Catherine JOLIVET-LÉVY : maître de conférences à l'université de Paris-I
- Jean-Pierre SODINI : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification
Médias
Autres références
-
BYZANCE, 330-1453 (exposition)
- Écrit par Christian HECK
- 1 037 mots
Du marbre représentant le monstre marin rejetant Jonas sur la rive à la plaque d'orfèvrerie de l'éclatant saint Michel archange et à l'icône de l'Échelle sainte de Jean Climaque, plus de trois cents objets ont exprimé, lors de l'exposition Byzance, 330-1453 (Royal Academy...
-
BYZANCE MÉDIÉVALE 700-1204 (A. Cutler et J.-M. Spieser)
- Écrit par Jean-Pierre SODINI
- 1 250 mots
La collaboration de deux grands spécialistes de Byzance a permis la mise au point d'un livre intelligent et vivant, qui renouvelle les vues routinières sur Byzance (coll. L'Univers des formes, Gallimard, Paris, 1996).
Une brève introduction souligne quelques constantes de l'âme byzantine....
-
ALBANIE
- Écrit par Anne-Marie AUTISSIER , Odile DANIEL , Encyclopædia Universalis et Christian GUT
- 22 072 mots
- 9 médias
...que l'Illyrie, christianisée dès le ier siècle (avec saint Asti à Durrës et saint Donat à Vlora), fournit, au iiie siècle, plusieurs empereurs. Comprise, en 395, dans l'empire d'Orient, elle fut ravagée par les invasions barbares avant que le déferlement slave des vie et viie siècles... -
ALP ARSLAN (1030 env.-1072) sultan seldjoukide (1063-1072)
- Écrit par Robert MANTRAN
- 328 mots
Après avoir montré ses qualités militaires dans des campagnes victorieuses en Afghanistan et en Iran, Alp Arslan succède vers 1060 à son père Tchaghri Beg au Khorassan, puis en 1063 à son oncle Toghroul Beg en Iran et en Irak. Ayant réussi à éliminer ses oncles et cousins, reconnu comme ...
-
ANASTASE LE BIBLIOTHÉCAIRE (810 env.-env. 880)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 455 mots
Linguiste distingué et cardinal de Rome né autour de 810, probablement à Rome (Italie), mort vers 880, Anastase le bibliothécaire est un conseiller politique influent des papes du ixe siècle.
Apparenté à un évêque italien et reconnu pour sa parfaite connaissance du grec, Anastase est nommé cardinal-prêtre...
-
ANNE COMNÈNE (1083-1148)
- Écrit par Pascal CULERRIER
- 564 mots
Fille aînée de l'empereur Alexis Ier (qui régna de 1081 à 1118), Anne Comnène, née en 1083, épousa le césar Nicéphore Bryennios et brigua en vain la couronne impériale. L'échec de ses ambitions politiques lui valut une retraite forcée qu'elle mit à profit pour reprendre un projet laissé...
- Afficher les 111 références