IMPORTANTS CABALE DES
À la mort de Louis XIII, tous ceux qui ne veulent plus d'un Premier ministre puissant et espèrent, à la faveur d'un changement, se pousser aux affaires sont liés à la régente Anne d'Autriche, souhaitant le renversement à leur profit de la politique générale. On trouve à la tête de ce groupe la duchesse de Chevreuse, le duc de Beaufort, petit-fils d'Henri IV, Fontrailles, Montrésor, les Campion, très déçus de la faveur accordée à Mazarin. La cabale des Importants tente donc de faire revenir la régente à ses anciennes tendances politiques, de chasser « le Mazarin », d'arrêter la guerre avec l'Autriche et l'Espagne, de mener une politique « catholique », le tout sous l'autorité de l'ancien garde des Sceaux, Châteauneuf. Mazarin se tire assez facilement de cette première passe difficile de son ministère en faisant arrêter le duc de Beaufort en septembre 1643 et en exilant les principaux conjurés. Au-delà de la politique extérieure, la cabale des Importants est l'indice du profond mécontentement que suscite dans l'aristocratie le ministériat, fût-il d'Église. Il a pour but, en effet, de placer entre les mains d'un nombre très limité de familles les grands pouvoirs politiques. D'où, dans toute l'Europe, la très courte durée du système du Premier ministre. La cabale des Importants se termine apparemment, comme tous les complots précédents, par un échec total, mais elle annonce la Fronde. Lorsque, en 1661, Louis XIV décide de gouverner par lui-même et d'être son propre Premier ministre, il satisfait en réalité l'une des revendications politiques majeures, commune au tiers et à la noblesse. Celle-ci est prête, désormais, à obéir au maître. Le ministériat n'a duré qu'un moment : il a assuré le passage à la monarchie absolue. Et c'est, peut-être, le véritable génie de Colbert que d'avoir su éviter d'apparaître comme un Premier ministre.
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Écrit par
- Jean MEYER : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes
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