- 1. Du cacaoyer à la production de chocolat
- 2. Les conditions climatiques de la culture du cacaoyer
- 3. La diffusion de la consommation de chocolat
- 4. La production de cacao : une plante américaine devenue africaine
- 5. Les conditions économiques et sociales de la production cacaoyère ivoirienne
- 6. Les échanges internationaux de cacao
- 7. L’aval de la filière cacao-chocolat
- 8. Bibliographie
CACAO
La production de cacao : une plante américaine devenue africaine
La production mondiale de cacao est passée de 2,8 millions de tonnes au tout début des années 2000 à 4 millions de tonnes au début des années 2010, soit une progression de 40 p. 100. Au tout début des années 1980, elle n’était encore que de 1,6 million de tonnes, ce qui souligne le dynamisme de ce secteur.
Selon l'excellente formule de François Ruf, on a observé au cours du xxe siècle une véritable « dérive des continents cacaoyers », les principales plantations de cacaoyers passant d'un continent à l'autre.
En 1900, l'essentiel des plantations se trouvaient au Venezuela et au Brésil, sur le continent où le cacaoyer avait été repéré puis domestiqué. À partir surtout de l'époque de la Première Guerre mondiale, les Britanniques ont été à l'origine d'un essor considérable de la production de cacao dans leurs colonies d'Afrique occidentale : Côte de l'Or (l'actuel Ghāna) et Nigeria. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la production africaine représentait les deux tiers de la production mondiale et le cours mondial du cacao s'établissait sur le grand marché à terme du cacao situé à Londres.
À partir des années 1960 et 1970, la production cacaoyère a été marquée par l'envolée de la productionivoirienne : la Côte d'Ivoire est devenue le premier producteur mondial de cacao en 1977, place qu'elle occupe toujours (malgré une situation de politique intérieure devenue délicate), avec plus du tiers (34 p. 100) de la production mondiale au début des années 2010. Le président Félix Houphouët-Boigny, surnommé le « planteur de Yamoussoukro », avait su en son temps encadrer de façon particulièrement efficace, au travers d'une Caisse de soutien et de stabilisation des prix des produits agricoles (Caistab) héritée de l'époque coloniale, les petits planteurs ivoiriens, en les préservant dans une large mesure contre les fortes fluctuations du cours mondial. À l'époque, du cacao produit au Ghāna arrivait par contrebande en Côte d'Ivoire. En 1999, la Caistab a disparu et en 2005-2006, le niveau de taxation très élevé de la production cacaoyère instauré par le régime du président Gbagbo a eu entre autres pour effet d'inverser le sens de ces flux illicites, sans remettre toutefois en cause le premier rang mondial de la production cacaoyère ivoirienne.
Parallèlement, les dernières décennies du xxe siècle ont été marquées par un essor rapide de la production cacaoyère asiatique, en Malaisie (où a été installée parallèlement une importante industrie de broyage des fèves de cacao) et en Indonésie. En Amérique latine, les importants dégâts provoqués par la « maladie du balai de la sorcière » (une maladie liée au développement d'un champignon) dans les plantations brésiliennes sont désormais sous contrôle : après un recul très sensible, celles-ci ont repris leur progression.
La production africaine demeure malgré tout nettement dominante, avec plus de 71 p. 100 de la production mondiale, mais désormais l'Asie et l'Océanie (15 p. 100 de la production mondiale) devancent l'Amérique latine (13,5 p. 100).
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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