- 1. Du cacaoyer à la production de chocolat
- 2. Les conditions climatiques de la culture du cacaoyer
- 3. La diffusion de la consommation de chocolat
- 4. La production de cacao : une plante américaine devenue africaine
- 5. Les conditions économiques et sociales de la production cacaoyère ivoirienne
- 6. Les échanges internationaux de cacao
- 7. L’aval de la filière cacao-chocolat
- 8. Bibliographie
CACAO
Les conditions économiques et sociales de la production cacaoyère ivoirienne
La guerre civile qui a affecté le premier producteur et exportateur mondial – la Côte d'Ivoire – apparaît étroitement liée aux conditions du développement de la production de cacao. En 2000, il y avait plus de 700 000 petits planteurs de cacao en Côte d'Ivoire. Ils utilisaient, et continuent à utiliser, des techniques de production plutôt extensives, avec un faible recours aux engrais et des rendements modestes, compris entre 0,5 et 2 tonnes par hectare. Ils possédaient et mettaient en valeur, en moyenne, de 3 à 4 hectares de cacaoyers (ainsi que parfois des caféiers) et de 1 à 2 hectares de cultures vivrières. Pendant toute son expansion (les superficies plantées en cacaoyers en Côte d’Ivoire ont été multipliées par plus de huit entre 1960 et 2000), la culture du cacaoyer a été essentiellement une culture extensive de front pionnier, progressant au détriment de la forêt tropicale humide. Mais, actuellement, il n'y a plus guère en Côte d’Ivoire de forêt àdéfricher : celle-ci a été « mangée » par les planteurs. Ces derniers étaient le plus souvent des agriculteurs originaires du nord du pays (cas des Dioulas), voire par des étrangers (cas des Burkinabés) venus mettre en culture les espaces jusqu’ici très peu peuplés du sud-ouest du pays. Les populations autochtones ont ainsi largement perdu le contrôle du foncier (la plantation crée l'appropriation), ce qui est à l'origine d'une situation très lourde de conflits comme le souligne la montée en puissance de l’idéologie nationaliste de l’« ivoirité » depuis les années 1990. Quant à la libéralisation de la filière cacaoyère ivoirienne voulue par la Banque mondiale, elle s'est traduite par la disparition, en 1999, de la Caistab, accusée de fonctionner de façon trop opaque et de détourner une large part de l’argent qui devrait normalement revenir aux planteurs. Cette disparition n’a toutefois pas véritablement profité aux planteurs. Selon J.-P. Boris : « Les paysans ne sont pas mieux rémunérés qu'avant : avec les taxes prélevées par l'État et par les organismes professionnels nouvellement créés, plus de la moitié des revenus générés par la production de cacao est ponctionnée. »
Sur les plantations cacaoyères ivoiriennes, l’emploi d’enfants de moins de 14 ans – emploi illégal selon le ministère de l’Agriculture ivoirien lui-même – n’est pas rare. Quant au prix effectivement perçu par les producteurs à la sortie de leurs exploitations, il est souvent inférieur d’un tiers, en raison des prélèvements opérés par les intermédiaires, au prix officiel garanti par l’État qui n’est pourtant pas très élevé (725 francs CFA, soit moins d’un euro pour un kilogramme en 2012). Compte tenu des plus-values réalisées plus en aval par les autres agents économiques de la filière cacao-chocolat, la part du prix final payé par le consommateur européen ou nord-américain et qui va au producteur de base est souvent plus proche de 5 p. 100 que de 10 p. 100.
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Écrit par
- Jean-Paul CHARVET : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France
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