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CAFÉ

Des filières dominées par les grandes firmes de la commercialisation et de la torréfaction du café

Les échanges, la transformation et le conditionnement du café sont de plus en plus contrôlés par un petit nombre de grandes firmes du négoce et de la torréfaction situées dans les pays importateurs ainsi que par les grandes chaînes de distribution alimentaire (moyennes et grandes surfaces) des pays riches pour lesquelles le café constitue souvent un produit d’appel. Le fait que l’on vende au consommateur final de la transformation, du conditionnement, des services et des symboles en même temps que le café lui-même explique que lavaleur ajoutée réalisée dans les pays consommateurs soit passée de 55 p. 100 dans les années 1970 à plus de 80 p. 100 aujourd’hui. Compte tenu des coûts de transport, de stockage et des taxes, le producteur de café ne touche guère plus aujourd’hui que 15 p. 100 du prix payé par le consommateur des pays riches et parfois moins. Dans le domaine de la torréfaction, quatre grandes firmes transnationales – trois américaines (Philip Morris, Sara Lee et Procter & Gamble) et une suisse (Nestlé) – traitent plus de la moitié des cafés commercialisés dans le monde. La firme Nestlé produit à elle seule plus de 50 p. 100 du café soluble mondial, de plus en plus à partir de cafés robusta vietnamiens. Ces firmes dépendent elles-mêmes de plus en plus des achats massifs effectués par les principales chaînes, de plus en plus mondialisées, de la grande distribution comme Carrefour, Wal Mart, Ahold, Tesco... Au total, la production, les échanges et la consommation du café peuvent être représentés à l’échelle mondiale sous la forme d’un sablier avec, dans la partie supérieure, 25 millions de producteurs de café situés dans le monde tropical et, dans la partie inférieure, plus de 500 millions de consommateurs de café qui demeurent encore principalement localisés dans les pays riches. Quant au goulet d’étranglement entre ces deux parties du sablier, il se trouve étroitement contrôlé par quelques firmes transnationales du négoce et de la torréfaction ainsi que par une trentaine de firmes de la grande distribution.

L’accord international concernant le café, qui avait fonctionné de 1962 à 1989, avait alors été souvent cité en exemple pour les « accords produits » que souhaitait développer la C.N.U.C.E.D. (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement) afin de lutter contre les fortes fluctuations des cours des denrées agricoles de base ainsi que contre la dégradation des termes de l’échange qui affectent ces produits et qui pénalisent les pays exportateurs et leurs producteurs. S’il en reste assez peu de chose, dans le contexte mondial de libéralisation des échanges qui s’est de plus en plus affirmé depuis les années 1990, cela n’a pas empêché l’émergence, encore bien timide il est vrai, de filières de commerce « équitable ». Celles-ci permettent de mieux rémunérer les petits producteurs, tout en favorisant parfois dans le même temps une agriculture biologique. Si elles continuent à se développer, elles ne contrôlent toutefois que moins de 2 p. 100 des échanges mondiaux bien que le café constitue un des produits « phares » du commerce équitable. Parallèlement, des cafés haut de gamme, liés à des terroirs caféiers reconnus, tel celui du café « Blue Mountain » de Jamaïque, autorisent une meilleure rémunération des producteurs concernés, mais ils pèsent également très peu dans la production et les échanges mondiaux.

— Jean-Paul CHARVET

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, membre de l'Académie d'agriculture de France

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Médias

Caféier - crédits : Forest and Kim Starr/ Flickr ; CC-BY 2,0

Caféier

Plantation de café - crédits : David Olsen/ The Image Bank/ Getty Images

Plantation de café

Café : producteurs	 
 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Café : producteurs  

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