CAGLIOSTRO GIUSEPPE BALSAMO dit ALEXANDRE comte de (1743-1795)
Se produisant à Londres (1777), à Mitau et à Saint-Pétersbourg (1779), puis à Varsovie (1780), Joseph Balsamo, alias comte de Cagliostro, stupéfie l'Europe par ses cures merveilleuses, par ses connaissances alchimiques, par ses évocations d'esprits, par sa magie cérémonielle. On le voit surgir à Strasbourg (1780), un des hauts lieux du mysticisme en cette fin du siècle ; il y trouve des amis fidèles, des protecteurs efficaces : le cardinal de Rohan, Jacob Sarasin, F. R. Salzmann, Ramond de Carbonnières et bien d'autres. Il tente alors (1784) de conquérir le « système rectifié » de Willermoz ; en vain, car celui-ci reste sur ses gardes ; mais Cagliostro provoque par ses prodiges le comble de l'enthousiasme à la loge de la Sagesse, qui devient à cette occasion « la Sagesse triomphante », la loge mère de son rite égyptien, grâce à d'anciens vénérables lyonnais tels que Magneval et Saint-Costard.
La carrière de Cagliostro se poursuit, aussi haute en couleur, aussi incroyable qu'un roman romantique. Revenu à Paris, où il mène une existence fastueuse, il tente bien de s'imposer aux philalèthes lors du convent de Paris (1785), mais sa faconde ne parvient pas à corriger aux yeux des députés la méfiance que leur inspirent son attitude hautaine et son omniscience de pacotille. Impliqué dans l'Affaire du collier de la reine mais innocenté (1786), il connaît alors sa plus belle heure de gloire. Cagliostro gagne ensuite l'Angleterre où il continue de s'occuper de son rite égyptien, puis se rend à Bâle (1787), où l'attendent Jacob Sarasin et de nombreux fidèles. Mais, en 1788, il part pour l'Italie et tombe, à Rome, aux mains de l'Inquisition (1789). Après un jugement absurde et cruel, on l'enferme dans un cachot où il meurt misérablement (1795).
Son rite écossais, de même que tous ses projets d'organisation maçonnique, mérite d'intéresser l'historien de la théosophie. Cagliostro ne fut pas seulement un aventurier ; par sa conception de la chimie, de l'observation de la nature, il prend place parmi les continuateurs de Paracelse, d'Agrippa et de tant d'autres. Si sa vie mouvementée a fait l'objet de nombreuses biographies et fourni à Dumas père l'un de ses meilleurs cycles romanesques (Joseph Balsamo, 1849), il conviendrait maintenant d'étudier d'une façon précise les données symboliques de son système maçonnique.
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Écrit par
- Antoine FAIVRE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section), professeur à l'université de Bordeaux-III
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