CAHIERS DE DOUAI (A. Rimbaud) Fiche de lecture
Une révolte absolue
Recourant à l’ironie, à la satire, à la parodie ou au réquisitoire, le révolté fustige l’ordre politique, social et religieux du Second Empire : il dénonce les « vingt ans d’orgie » (« Rages de Césars ») de l’empereur Napoléon III (« L’Éclatante victoire de Sarrebrück »), responsable de la guerre (« Morts de Quatre-vingt-douze... », « Le Mal », « Le Dormeur du val ») ; s’il raille la bourgeoisie, ses « bêtises jalouses » (« À la musique ») ou ses sombres secrets (« Le Buffet »), il s’apitoie sur la misère du peuple (« Le Forgeron », « Les Effarés ») ; il s’attaque à la religion catholique, à l’hypocrisie des dévots (« Le Châtiment de Tartufe »), à un dieu cruel (« Le Mal ») ; il détourne les traditions culturelles et littéraires (« Vénus Anadyomène », « Bal des pendus »). À cette révolte absolue, s’opposent la célébration païenne de la nature et l’appel à l’émancipation : le jeune poète exalte la sensualité (« Sensation »), l’émoi amoureux (« Première soirée », « Roman », « Rêvé pour l’hiver », « La Maline ») ; il vénère la nature originelle (« Soleil et chair ») et sa paix (« Ophélie », « Le Dormeur du val »), en exhortant à la liberté suprême de « [s]a bohème ».
Écrits sur les routes, les Cahiers de Douai sont des joyaux poétiques qui, dans le noir firmament de l’infortune, étincellent d’une « vraie vie » possible.
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Écrit par
- Yves LECLAIR : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain
Classification
Média