CAISSE CLAIRE, en bref
Styles musicaux
Dans la musique d'orchestre – même si Richard Wagner lui a préféré la caisse roulante, pour Parsifal notamment –, la caisse claire intéresse les compositeurs avides d'innovations ou se référant aux formes populaires : les opérettes viennoises en font un usage permanent, Gustave Mahler l'utilise pour évoquer la musique populaire ou militaire – par exemple, pour le rythme de marche énergique dans sa Sixième Symphonie « Tragique » (1906) –, les compositeurs russes comme Nikolaï Rimski-Korsakov (suite symphonique Shéhérazade, opus 35, 1889) lui offrent une place de choix.
Dans le jazz, avant les solos enregistrés de Warren « Baby » Dodds avec Jelly Roll Morton et Louis Armstrong en 1927, le disque n'est guère parvenu à capturer l'instrument. Mais on sait que son rôle était central dès les prémices du jazz : les musiques déambulatoires de La Nouvelle-Orléans, les marching bands, fanfares et cliques font un usage immodéré de la caisse claire pour scander le rythme (leur timbre est souvent inamovible). Pendant la période bop, la caisse claire devient un élément de ponctuation avec le fabuleux Kenny Clarke. À partir des années 1970, s'appuyant sur une technique sans faille et un son unique, des batteurs de jazz-rock (ou jazz fusion) comme Dave Weckl – qui joue parfois avec deux caisses claires – ou le versatile mais audacieux Steve Gadd découvrent des phrasés nouveaux.
Dans le rock, la caisse claire a souvent marqué lourdement l'after beat (temps pairs) et exécuté des breaks en combinaison avec les toms (John « Bonzo » Bonham de Led Zeppelin et Ian Paice de Deep Purple, par exemple). Mais certains batteurs (Bill Bruford pour le rock progressif, Stewart Copeland pour la pop music) en ont largement exploré les ressources propres. Dans des formes de rock extrêmes comme le death metal, on recherche le blast beat, c'est-à-dire une alternance très rapide de la caisse claire et de la grosse caisse jouée avec une double pédale. Les musiques afro-américaines modernes comme la soul music utilisent largement les notes fantômes. Le bagadou breton a emprunté la caisse claire au pipe bands écossais.
Dans les musiques du monde modernes, on la retrouve sous de multiples formes : dans la samba brésilienne (où la caixa est une sorte de caisse claire simplifiée) et plus généralement dans la musique de carnaval au Brésil (batucada), dans les musiques populaires africaines électrifiées. Le bikutsi au Cameroun, l'afrobeat et ses sources, dont le highlife, la rumba congolaise, les musiques électriques influencées par la culture yoruba offrent des exemples de réemploi de la caisse claire comme percussion affranchie d'un placement stéréotypé.
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Écrit par
- Eugène LLEDO : compositeur, auteur, musicologue et designer sonore
Classification
Médias