Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

AUGUSTE CAÏUS JULIUS CAESAR OCTAVIANUS AUGUSTUS ou OCTAVE (63 av. J.-C. 14 apr. J.-C.)

Le triumvirat et la guerre civile

À la mort de César, le jeune Octave décide, malgré les conseils de sa mère et de son beau-père, de revendiquer le dangereux héritage, et surtout de faire valider officiellement l'adoption qui, le faisant le véritable fils de César, lui permettra de recueillir un jour ses clientèles. Ce projet se heurte naturellement aux ambitions de l'homme qui, dans les mois qui suivent les ides de mars, s'est imposé comme le maître à Rome, Antoine. Ce dernier gérait normalement le consulat, et avait réussi fort habilement à discréditer et à éloigner les « tyrannoctones ». Appuyé sur l'armée et les vétérans, il se posait en héritier politique de César, faisant en particulier voter une série de lois assez démagogiques dont les projets avaient été trouvés dans les notes de César, qu'il avait en sa possession. Le jeune Octave et Antoine ont des entrevues orageuses ; ce dernier fait traîner le vote de la loi qui validera l'adoption. Octave travaille l'opinion en présidant (avec Matius, ami intime de César) les jeux en l'honneur de la victoire de César. À ce moment, la situation politique, à Rome et en Italie, se précise : le parti sénatorial retrouve un chef avec Cicéron, et Antoine, voyant venir la fin de son consulat, prétend échanger sa province de Macédoine contre la Cisalpine, que le proconsul Decimus Brutus, un des meurtriers de César, refuse de lui céder. Octave, alors, aidé par les anciens collaborateurs directs de son père adoptif, joue sa chance, et, à titre entièrement privé, lève une armée parmi les vétérans, et part rejoindre Brutus en Cisalpine.

La guerre civile éclate à nouveau entre Antoine d'une part, Brutus, Octave et les armées consulaires de l'autre (guerre de Modène : victoire sur Antoine, le 27 avr. 43). Depuis le 7 janvier, sur proposition de Cicéron, le Sénat a validé rétrospectivement l'initiative d'Octave, lui a donné un imperium proprétorien. Il reçoit aussi le droit de briguer directement la préture et de prendre la parole au Sénat, parmi les consulaires. Après sa victoire sur Antoine, battu mais non éliminé, Octave réclame bien plus qu'il ne lui a été promis : le droit de briguer directement le consulat. Devant le refus du Sénat, Octave n'hésite pas à marcher sur Rome avec ses troupes, et, par un coup d'État, se fait élire consul par les comices (19 août 43).

Entre-temps, Antoine en fuite réussit à convaincre Lépide, proconsul de Narbonnaise et de Cisalpine, de faire cause commune avec lui. Puis tous deux s'entendent avec Octave pour se partager l'Occident et poursuivre la guerre contre les « républicains », Brutus et Cassius, qui tenaient la Grèce et l'Orient. Une loi crée pour eux le titre de « triumvirs constituants », avec pleins pouvoirs et mission d'établir, une fois les guerres terminées, à échéance de cinq ans, une nouvelle constitution (27 nov. 43). L'établissement du triumvirat s'accompagna de sanglantes proscriptions (trois cents sénateurs et deux mille chevaliers) et de la confiscation, au profit des vainqueurs, d'un nombre considérable de propriétés. Ainsi, en quelques mois, grâce à une série d'initiatives factieuses et de coups d'État appuyés par les anciens intimes de son père adoptif, Octave a réussi à se hausser au sommet du pouvoir. Il devra cependant le partager avec ses complices durant onze ans.

Les triumvirs se portèrent d'abord contre Brutus et Cassius, et les écrasèrent dans les deux batailles de Philippes, en Macédoine (oct. 42). Ils procédèrent ensuite à une nouvelle répartition de leurs provinces respectives. Antoine devait pacifier l'Orient, et recevoir la Narbonnaise, Lépide l'Afrique, Octave l'Occident, avec mission de lutter contre Sextus Pompée. Antoine avait cependant laissé en Occident (en Gaule) une armée fidèle,[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Caen

Classification

Médias

L'empereur Auguste - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

L'empereur Auguste

Statue d'Auguste dite de Prima Porta - crédits : Csaba Peterdi/ Shutterstock

Statue d'Auguste dite de Prima Porta

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

Autres références

  • MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME (exposition)

    • Écrit par
    • 1 104 mots

    Le bimillénaire de la mort d’Auguste (63 av. J.-C.-14 apr. J.-C.) a été l’occasion d’une manifestation franco-italienne à la mesure du personnage célébré. Les musées du Capitole, avec son ancien directeur, Eugenio La Rocca, et son successeur, Claudio Parisi Presicce, se sont associés aux conservateurs...

  • STATUE D'AUGUSTE DITE DE PRIMA PORTA

    • Écrit par
    • 236 mots
    • 1 média

    Découverte à Prima Porta, dans une villa que possédait Livie sur l'antique territoire de Véies, la statue d'Auguste conservée dans la galerie Chiaramonti des musées du Vatican est sans doute la copie du nouveau type statuaire adopté par Auguste à la suite de la restitution des enseignes romaines...

  • ACTIUM BATAILLE D' (31 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 254 mots
    • 1 média

    La bataille d'Actium met un terme à un siècle d'affrontements intérieurs qui ont déchiré la République romaine, et permet au vainqueur de fonder un nouveau régime, l'Empire.

    Depuis l'assassinat de César, en — 44, deux hommes prétendent recueillir l'héritage politique...

  • AGRIPPA MARCUS VIPSANIUS (63-12 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 464 mots

    Marcus Vipsanius Agrippa fait partie de ces hommes peu nombreux qui ont vu la chance passer à leur portée, et qui ont su la saisir. Il est né vers ~ 63 dans une famille modeste. Le hasard lui sourit pour la première fois à Apollonia d'Illyrie en ~ 44 : à dix-neuf ans, il rencontra Octave, dont il...

  • ANTOINE ou MARC ANTOINE, lat. MARCUS ANTONIUS (83-30 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 668 mots

    Marc Antoine, général et homme politique des dernières années de la République romaine, est resté dans l'histoire comme le fidèle lieutenant de Jules César, qui tomba amoureux de la reine d'Égypte Cléopâtre et fut vaincu par Octave (futur empereur Auguste) à la bataille d'Actium...

  • APOTHÉOSE

    • Écrit par
    • 733 mots

    C'est la « transformation en dieu ». L'apothéose désigne la divinisation des empereurs romains après leur mort. Cette notion, étrangère en elle-même aux conceptions religieuses des Romains, était cependant connue par des précédents « historiques » (disparition de Romulus lors d'une séance du Sénat...

  • Afficher les 33 références