AUGUSTE CAÏUS JULIUS CAESAR OCTAVIANUS AUGUSTUS ou OCTAVE (63 av. J.-C. 14 apr. J.-C.)
Les pouvoirs d'Auguste
D'abord, le prince est imperator ; il l'est en quelque sorte par droit d'héritage, parce qu'il est fils de César, et il porte ce titre comme un prénom qui fait partie de son état civil (depuis 29 av. J.-C.). Mais il l'est aussi parce qu'il a reçu, en 28 sans doute, un imperium total sur toutes les armées romaines (comme il l'avait, en 32, sur celles de l'Occident). Il joint donc au pouvoir consulaire (purement civil depuis Sylla) un imperium militaire, qu'il garde en permanence. Le droit de commandement sur les troupes, où qu'elles se trouvent, sera une des marques essentielles du régime impérial. Ce pouvoir lui a été sans doute dévolu par une loi, une lex de imperio, qui, renouvelée plus tard, sera la véritable charte d'investiture de l'Empire. Il s'agit donc, avant tout, d'un pouvoir militaire.
En outre, Auguste est aussi consul (il le restera sans interruption jusqu'en 23, année où le régime subit d'importantes modifications). Cette magistrature lui permet d'exercer une sorte de présidence de la République assez souple sur Rome, l'Italie, et sur les autres magistrats, avec droit de regard éventuel sur les provinces proconsulaires. Exerçant le consulat de façon continue, il a donc, en fait, le pas sur son collègue, et il est une sorte de « premier consul ». Ce « principat consulaire », qui semble sauvegarder la légalité républicaine, coïncide en réalité avec une période autoritaire du régime.
Il est également, on l'a dit, proconsul de toutes les provinces importantes du point de vue militaire, pendant une période de dix ans. Il se peut qu'il n'y ait pas eu de coïncidence chronologique entre les deux délégations de pouvoir : celle, générale, de l'imperium consulaire, dévolue en 28 et renouvelable en 18 ; celle, particulière, de l'imperium proconsulaire sur certaines provinces, renouvelable en 17, mais renouvelée en fait, par anticipation, en 18. On voit donc qu'Auguste joue sur les mots lorsqu'il déclare dans son testament qu'il n'a pas eu de « pouvoirs » supérieurs à ceux des autres magistrats, et qu'il ne leur a été supérieur que par « l'autorité (morale) », car il y a une compétence constitutionnelle précise du principat, définie par la lex de imperio, et l'imperium proconsulaire sur certaines provinces.
Tel est, en gros, le nouveau régime fondé en 28-27. C'est une monarchie de fait, mais qui évite soigneusement les titres odieux de « roi » ou de « dictateur » et qui se contente de juxtaposer sur une même tête une série de pouvoirs d'origine traditionnelle, mais dont la multiplication même fausse toute la régularité. Et le tout est exprimé par le terme de princeps, qui est celui par lequel Auguste et ses successeurs ont voulu officiellement être désignés (le mot apparaît dans un édit signé de lui), mais qu'ils n'ont cependant pas pris dans la titulature officielle qu'ils se donnent, sur les inscriptions ou sur les monnaies, par exemple. Le mot avait une résonance républicaine : il évoquait à la fois le « prince du Sénat », sorte de président d'honneur et de doyen d'âge de l'Assemblée (qui n'avait de pouvoirs que moraux), et la façon, toute officieuse, dont on désignait à Rome les « leaders » du Sénat ou des partis. C'est à ce genre de principat que pense Cicéron quand il écrit le De republica. En évitant de se faire donner des pouvoirs perpétuels, et en prétendant qu'il n'était que le princeps, Auguste entendait repousser tout soupçon de monarchie.
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Écrit par
- Claude NICOLET : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Caen
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