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AUGUSTE CAÏUS JULIUS CAESAR OCTAVIANUS AUGUSTUS ou OCTAVE (63 av. J.-C. 14 apr. J.-C.)

L'évolution du régime

Soumis en principe à la règle du renouvellement décennal, ce régime subit aussi, durant la longue durée du règne, des changements qui n'en modifièrent pas les fondements, mais furent destinés à faciliter certaines choses. La principale de ces modifications eut lieu en 23, à la suite d'événements assez graves : procès d'un gouverneur de province, complot où était compromis le collègue d'Auguste au consulat, maladie du prince. Ce dernier se démit du consulat (qu'il ne devait désormais revêtir à nouveau que deux fois, brièvement, pour présenter au peuple ses petits-fils et héritiers), il remit les comptes de l'Empire au nouveau consul, et désigna sans doute Agrippa comme son héritier. Mais, d'un autre côté, ayant ainsi apparemment rétabli à Rome même la constitution sénatoriale, il se fait donner la puissance tribunicienne entière qui va lui permettre d'agir directement avec le peuple, et, en particulier, de proposer des lois. Ainsi semble restauré, à Rome et en Italie, un régime tout à fait indépendant du prince ; de fait, il y aura comme une renaissance de l'agitation politique autour des élections, si bien qu'à plusieurs reprises le peuple ou le Sénat voulurent offrir à Auguste la dictature ; peut-être était-ce là son vœu secret : il apparaissait à la fois comme indispensable et comme modéré. Ainsi, à partir de 23, Auguste n'est plus magistrat : il a des puissances ou des pouvoirs de magistrat, mais il n'est plus inséré dans les magistratures officielles. Après lui, tous les empereurs dateront leur règne par les années de leur puissance tribunicienne.

En bien d'autres occasions, profitant des circonstances ou s'y soumettant, Auguste recueillit encore des pouvoirs particuliers : pouvoirs censoriaux, soin de mettre à jour la liste du Sénat, cura morum. Il refusa obstinément la dictature, la censure, le consulat en eux-mêmes, mais accepta pour un temps une partie des pouvoirs que ces magistratures impliquaient.

En fait, tous ces pouvoirs se chevauchent sans coïncider tout à fait, pour permettre au prince, selon l'occasion, de laisser la constitution traditionnelle fonctionner, ou au contraire d'intervenir sans appel. En fin de compte, appuyée sur les bases solides d'un imperium à coup sûr total et général (ce qui lui donne le droit de publier des edicta, et un droit de regard sur toute la hiérarchie de l'État), sur une auctoritas qui deviendra de plus en plus institutionnelle, et en même temps sur un prestige moral et même religieux (nom d'Augustus, culte impérial dans les provinces, culte du génie d'Auguste en Italie), la toute-puissance d'Auguste est manifeste. Elle s'exerce aussi dans le domaine législatif : il a le droit de proposer des lois grâce à la tribunicia potestas  ; le droit de publier des édits ou des mandata, applicables même dans les provinces du Sénat grâce à l'imperium  ; le droit de proposer au Sénat des textes qu'il fera appliquer en tant que magistrat – ce qui donne au Sénat une nouvelle importance législative ; enfin, il prend dans son conseil des décisions qui seront destinées à devenir, au iie siècle, la source essentielle du droit romain. Cette toute-puissance s'exerce également dans le domaine judiciaire, par l'extension du « droit d'appel à César », qui lui permet d'évoquer presque toute sorte de procès. Elle se manifeste enfin dans la vie politique, en ce sens que pratiquement, et sauf exceptions à certaines périodes du règne d'Auguste, c'est lui qui peut régler l'élection des magistrats.

Mais cette toute-puissance se prétend fondée surtout sur l'adhésion spontanée des masses, ce qu'on appelle le consensus universorum  ; elle se veut acceptée et même sollicitée : c'est ainsi qu'à la mort de Lépide[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Caen

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L'empereur Auguste - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

L'empereur Auguste

Statue d'Auguste dite de Prima Porta - crédits : Csaba Peterdi/ Shutterstock

Statue d'Auguste dite de Prima Porta

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

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