AUGUSTE CAÏUS JULIUS CAESAR OCTAVIANUS AUGUSTUS ou OCTAVE (63 av. J.-C. 14 apr. J.-C.)
Le problème de la continuité
Ayant rétabli la paix, fondé un nouveau régime qui avait les apparences de la légalité, qui excluait désormais l'arbitraire, les proscriptions, etc., et qui laissait une certaine part d'initiative aux nobles, mais sur lequel il exerçait une tutelle à la fois légale et morale reconnue par tous, Auguste apparaissait au sommet de la gloire. Le grand problème était cependant de savoir ce que deviendrait ce régime exceptionnel, conçu pour un homme exceptionnel, lorsque celui-ci disparaîtrait.
De 23 avant J.-C. à 5 après J.-C., Auguste va éprouver diverses formules. Comme il est naturel dans la société antique, c'est parmi ses proches, ses confidents ou sa famille qu'il espère trouver à la fois des coadjuteurs et des successeurs. Le premier choisi fut Agrippa, son vieil ami, qu'il avait marié en 21 avant J.-C. à sa fille Julie ; en 18 avant J.-C., à l'occasion du renouvellement décennal de son imperium, il fait donner à Agrippa pour cinq ans la puissance tribunicienne et le pouvoir proconsulaire, et celui-ci se rend en Orient avec une sorte de mission générale. En 13 avant J.-C., ses pouvoirs sont renouvelés. Peut-être, alors, Auguste voulut-il se réserver le pouvoir civil et donner à Agrippa des responsabilités militaires ? Mais ce dernier meurt en 12 avant J.-C.
Dès cette époque, Auguste, s'il emploie comme légats proconsulaires ses deux beaux-fils Drusus et Tibère, réserve l'avenir pour ses petits-fils Caius et Lucius César, qu'il avait adoptés en 17 avant J.-C. Bien que Tibère ait eu la puissance tribunicienne pour cinq ans en 6 avant J.-C., il s'efface alors et part pour Rhodes, laissant la place aux adolescents, en faveur de qui Auguste réclame de grands honneurs et dont il hâte la carrière. En l'an 1 avant J.-C., Auguste donne à Caius César une mission générale en Orient, et le soin de régler les affaires d'Arménie. Mais les deux frères meurent en 2 et 4 après J.-C.
Auguste, alors, rappelle Tibère, et l'adopte. En même temps, il lui fait donner la puissance tribunicienne pour dix ans, et sans doute un imperium proconsulaire. Bien qu'à Rome, après le complot de Cinna, une certaine libéralisation dans l'octroi des magistratures se manifeste, Tibère est de plus en plus associé à l'Empire ; en 13 après J.-C., il reçoit même une délégation totale, sans doute par une lex de imperio qui lui donne exactement les mêmes pouvoirs que son père adoptif : il ne lui manque que le nom d'Auguste.
Quand Auguste meurt en 14 après J.-C., au milieu de l'adulation générale, mais éloigné en fait des affaires par son grand âge, le pouvoir se trouve sans contestation possible entre les mains de Tibère, héritier choisi et désigné (mais peut-être ni très aimé ni très consentant). Cependant, la fiction du régime voulait que ce pouvoir absolu ait été consenti et délégué, à l'origine, par le peuple et le Sénat. C'est pourquoi Tibère dut accomplir, à la mort d'Auguste, une série de rites et de manœuvres à la fois hypocrites et indispensables pour faire reconnaître par le Sénat le pouvoir de fait qu'il détenait. L'Empire était cependant fondé.
Le très long règne d'Auguste marque donc une étape considérable dans l'histoire de Rome. Commencée comme celle d'un aventurier révolutionnaire et chef de faction, sa carrière se termine comme celle d'un souverain à l'autorité forte, mais paternelle et philanthropique, adoré dans la plus grande partie du monde comme un dieu ; pour les provinces, Rome se confond avec l'empereur. Cependant, l'exercice absolu du commandement militaire reste la réalité fondamentale, que la persistance des organes traditionnels de l'État ne peut cacher. L'œuvre d'Auguste est immense dans tous les domaines, et la paix qu'il a instaurée à l'intérieur de la totalité, ou presque, du monde connu, se traduit[...]
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Écrit par
- Claude NICOLET : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Caen
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