CALABRE
Péninsule montagneuse du sud de l'Italie, la région de Calabre (15 080 km2) se distingue du reste de l'Appenin par la nature des roches. Au nord, à la limite de la Basilicate, le Pollino (2 248 m) est le dernier massif calcaire. En allant vers le sud, puis au-delà du fossé du Crati, l'ossature de la Calabre se compose de horsts métamorphiques sujets aux séismes : chaîne côtière, massif de La Sila (1 928 m), Serra de San Bruno, Aspromonte (1 956 m). D'extraordinaires aplanissements, les piani, tranchent sur des centaines de mètres les hautes terres. La rudesse de l'hiver et l'abondance des précipitations (plus de 1,2 m par an) caractérisent ces montagnes couvertes de forêts de chênes, de hêtres et de sapins. La retombée vers la mer Tyrrhénienne et le détroit de Messine est brutale, mais très arrosée et très humanisée ; les plaines côtières de Sant'Eufemia et Rosarno surtout sont petites et discontinues. Les pentes sont aménagées en terrasses portant des cultures étagées jusque vers 700 mètres d'altitude (agrumes, betterave sucrière, vigne, oliviers, céréales) dans le cadre de petites exploitations. La retombée orientale, au climat plus sec, est plus douce ; des collines argileuses, ravinées et disséquées par les franes et les torrents, s'interposent entre la montagne et l'ourlet des plaines côtières ici plus fournies, notamment avec les moyennes et basses vallées du Crati et du Neto. Le système latifondiaire a voué, jusqu'à la réforme agraire de 1951, cette région à la céréaliculture, l'oléiculture et l'élevage extensif.
Région prospère de la Grande-Grèce, la Calabre connut ensuite une marginalisation relative, due à la configuration du relief, et a conservé des particularismes vivaces. 70 p. 100 environ des exploitations ont moins de 2 hectares. Ces structures sociales, l’évolution politique et la mafia locale (la 'Ndrangheta) se sont conjuguées pour en faire une des régions les plus déshéritées d’Italie, avec un taux de chômage de 28,3 p. 100 en 1999, le plus élevé du pays, et un P.I.B./habitant qui ne représente que 61,5 p. 100 de la moyenne nationale en 2001, soit, là encore, le dernier rang sur le plan national. La Calabre alimente, depuis la fin du xixe siècle, un fort mouvement d'émigration vers l'Amérique d'abord, puis vers les entreprises coloniales du fascisme et, depuis 1950, à nouveau vers l'Amérique mais surtout vers l'Europe industrielle (solde migratoire négatif égal à 12,9 p. 100 pour la période 1981-1990). La population résidente, qui vieillit, même si moins vite que dans le nord du pays, est passée de 2 044 000 personnes en 1951 à 2 004 415 (estimation de 2006).
Les transformations, dont les principales concernent les améliorations dans le domaine foncier et agricole, restent donc insuffisantes. Les latifundia ont été partiellement supprimés. Sur la Sila, aux dépens des anciens parcours de moutons, de grandes forêts communales ou domaniales ont été reconstituées ; de nombreux barrages ont été construits pour irriguer les basses terres, surtout dans l'Est où ont été installés, dans des conditions souvent précaires, les bénéficiaires de la réforme. L'hydro-électricité n'a guère contribué à l'industrialisation, le désenclavement de la Calabre par la prolongation de l'autoroute du Soleil jusqu'à Reggio di Calabria non plus. Avec l'unité italienne, la petite sidérurgie au bois de la Sila et l'artisanat de la soie ont disparu. Depuis 1951, tous les secteurs artisanaux du textile, de l'alimentation, de l'extraction et de la construction sont en repli. La population active employée dans le secteur secondaire diminue malgré quelques créations : chimie et fonderies de zinc à Crotone, port et seule ville industrielle (60 586 hab. en 2006),[...]
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Écrit par
- Robert BERGERON : assistant à l'université de Toulouse-Le-Mirail
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Médias
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