CALAIS
Le développement de Calais, qui comptait 73 504 habitants en 2012 et 96 594 pour son agglomération, a presque toujours dépendu de sa position remarquable, au plus près des côtes anglaises. Ce n'est pas un hasard si le détroit, ou « pas » en langage picard, aujourd'hui traversé par un tunnel, qui sépare la mer du Nord de la Manche porte son nom.
La ville est née au Moyen Âge, sur une des percées naturelles du cordon dunaire par où s'écoulent les eaux de la Plaine maritime. Membre de la Ligue hanséatique, elle participa activement au grand commerce de la mer du Nord et de la Baltique, avant d'être conquise par les Anglais en 1347, dans la foulée de leur écrasante victoire de Crécy-en-Ponthieu. Une célèbre statue de Rodin, sur la place de l'hôtel de ville, rappelle l'épisode le plus dramatique du siège de Calais : six bourgeois de la ville, en chemise et la corde au cou, implorant la grâce d'Édouard III. Reprise par François de Guise en 1558, la ville perdit son privilège d'importation de la laine anglaise et se retrouva en concurrence avec Boulogne puis avec Dunkerque. Le blocus continental, au début du xixe siècle, lui porta des coups encore plus rudes. Aussi, son décollage économique au milieu du xixe siècle reposa-t-il davantage sur le succès des dentelles, tulles et guipures, fabriquées dans l'ancien faubourg de Saint-Pierre que sur l'activité maritime.
C'est l'arrivée des chemins de fer et des ferries, à la fin du xixe siècle, qui a fait de Calais le port de vitesse du trafic transmanche. La Première Guerre mondiale amplifia considérablement ce rôle, mais durant la Seconde, de très intenses bombardements alliés touchèrent le port et la ville, qui furent lents à s'en remettre. Passée de 11 000 habitants en 1800 à 72 000 en 1911, la ville n'en comptait plus que 50 000 en 1946. La crise du textile n'arrangea rien. Néanmoins, une certaine diversification industrielle (agroalimentaire, électronique, chimie, parachimie) et la spécialisation du port dans le trafic de voyageurs (1er rang français avec 10,7 millions de passagers en 2014, malgré la concurrence du tunnel sous la Manche) et les marchandises diverses (1er rang français hors pondéreux, avec essentiellement des automobiles à destination ou en provenance du Royaume-Uni) ont permis un redressement dès les années 1970 et 1980, consolidé dans les années 1990 par les premières retombées du tunnel sous la Manche et des investissements britanniques. De nouveaux projets d’aménagement du port doivent encore renforcer son poids dans l’économie locale.
Calais, aujourd'hui à 1 h 30 de Paris et à 1 h de Londres par le T.G.V. (gare de Frethun), cherche à tirer profit de la concentration du transport maritime de voyageurs, imposée par le tunnel, et de la rupture de charge provoquée par l'embarquement et le débarquement des voitures et camions sur les navettes ferroviaires (gare de Coquelles). Le tertiaire y a fait un remarquable bond. Commerces, avec en particulier un grand complexe implanté à proximité du terminal du tunnel, services (assurances, fret, transport) mais aussi tourisme, culture et enseignement (musée des Beaux-Arts et de la Dentelle, université) fournissent désormais plus de 85 p. 100 des emplois de la ville.
La place de l'hôtel de ville, dominée par un haut beffroi néo-gothique flamand, établit la jonction entre les deux parties principales de la ville, toutes deux reconstruites et modernisées après-guerre : au nord, le port, ses zones d'activités, le quartier historique, administratif et touristique (un polygone ceint de canaux, qui a conservé quelques vestiges de l'époque anglaise ainsi que la citadelle de Vauban) ; au sud, le quartier commerçant et manufacturier de Saint-Pierre, rattaché à Calais depuis 1886. L'agglomération développe des tentacules résidentiels périurbains au[...]
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Écrit par
- Pierre-Jean THUMERELLE : professeur des Universités, université des sciences et technologies de Lille (Lille-I)
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Médias
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