CALCAIRES
Utilisation des roches calcaires
Les roches calcaires ont connu des usages qui sont tombés en désuétude : l'écriture au tableau noir avec des bâtons de craie auxquels on préfère généralement des bâtons de plâtre, le polissage des vitres et de l'argenterie avec certaines variétés de craie (blanc de Meudon), la reproduction de textes et de dessins sur le calcaire lithographique. Même la fabrication de la chaux par calcination du CaCO3 dans des fours à chaux a perdu beaucoup de son importance depuis la généralisation de l'emploi du béton.
Le calcaire est pourtant la pierre à chaux par excellence (d'où son nom anglais limestone) : CaCO3 → CaO + CO2. Par chauffage à 600-800 0C, on obtient de la chaux grasse si la teneur en argile est inférieure à 5 p. 100, de la chaux hydraulique qui durcit sous l'eau pour une teneur de 12 à 20 p. 100. Par cuisson à 1 200 0C, ces calcaires marneux donnent des ciments romains à prise rapide. À 1 400 0C (début de fusion) on obtient des ciments Portland à prise lente. On réalise souvent artificiellement le mélange argile-calcaire destiné à cette fabrication.
Les calcaires sont encore utilisés dans l'industrie chimique (fabrication de la soude, qui en absorbe d'énormes tonnages, production du gaz carbonique), l'agronomie (amendements), etc.
Avant de servir de pierre de construction, les roches calcaires assez tendres, naturellement excavées ou creusées par l'homme, ont servi d'abris sous roches pendant la Préhistoire (vallée de la Dordogne et de ses affluents) et d'habitations troglodytiques à une époque plus récente : catacombes de Rome, demeures du Périgord, des vallées de la Loire et de la Seine où la nef de l'église d'Haute-Isle a été creusée dans la craie.
Aujourd'hui, la plupart des variétés de calcaires servent à la construction, sous forme de moellons ou de pierres de taille. Les meilleurs sont les calcaires purs ne laissant pas de résidu à l'acide : pierres d'Angoulême, de Comblanchien, de Caen (calcaire bathonien exporté vers l'Angleterre au Moyen Âge : Westminster, Tour de Londres), certains calcaires à entroques : petit granit, pierre de Lérouville et d'Euville dans la Meuse. Dans le calcaire grossier, la partie la plus dure, le « banc royal », est exploitée surtout dans la vallée de l'Oise et le Soissonnais (palais du Louvre). La cathédrale de Chartres est bâtie avec la pierre de Berchères (Eure-et-Loir), les châteaux de la Loire avec la craie tuffeau de Touraine ; à Paris, l'Arc de triomphe et la basilique de Montmartre sont faits avec la pierre de Château-Landon (Seine-et-Marne).
Les marbres sont des pierres toujours recherchées par les sculpteurs (marbre blanc de Paros et du Pentélique en Grèce, de Carare en Italie) et les décorateurs (marbre de Saint-Béat dans les Pyrénées, calcaires-marbres noirs du Dinantin des Ardennes belges, etc.).
Il faut mentionner, enfin, que les roches calcaires représentent à peu près la moitié des réservoirs de pétrole depuis le Dévonien de l'Alberta (Canada) et le Carbonifère (Mississippien et Pennsylvanien du Texas) jusqu'à l'Éocène de la bordure du golfe Persique. Les principaux gisements français ont été constitués dans les calcaires bréchiques du Jurassique moyen (Dogger) dans le bassin de Paris, et dans les calcaires dolomitiques du Jurassique supérieur et du Crétacé inférieur (Lacq, Parentis). La possibilité pour un calcaire de devenir une roche magasin dépend de sa porosité, celle-ci pouvant être primaire (calcaires récifaux, calcaires bréchiques) ou secondaire par dissolution, fracturation ou dolomitisation.
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Écrit par
- Charles POMEROL : professeur à la faculté des sciences, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
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