VARIATIONS CALCUL DES
Équation d'Euler-Lagrange
Si l'on suppose que f est un minimum relatif faible de J deux fois continûment dérivable, on peut transformer l'expression de δJ[f ]en intégrant par partie le second terme. On obtient ainsi :
Ce qui conduit à l'équation donnée par Euler en 1744 :
Théorème 1. Une condition nécessaire pour qu'une fonction f deux fois continûment dérivable soit un minimum relatif faible de J est qu'elle vérifie l'équation :
Ce résultat est une conséquence immédiate du lemme suivant :
Lemme 1. Soit h une fonction continue sur[a, b]. Si l'on a :
pour toute fonction ε continûment dérivable sur[a, b]et vérifiant ε(a) = ε(b) = 0, on a h = 0 sur[a, b].Démonstration du lemme 1. Supposons que la fonction h soit, par exemple, positive en un point x0 de ]a, b[. On peut alors trouver un intervalle[c, d]contenant x0 sur lequel h est positive.
Si l'on désigne par ε la fonction égale à (x − c)2 (d − x)2 sur[c, d]et nulle en dehors de[c, d], on a dans ces conditions :
qui est en contradiction avec les hypothèses ; par conséquent h est nulle sur[a, b]. La démonstration est terminée.L'équation d'Euler-Lagrange peut s'écrire :
c'est une équation différentielle du second ordre et sa solution dépend de deux constantes arbitraires, qui sont en général déterminées par les conditions limites en a et en b. Cette situation diffère donc du problème classique de Cauchy, qui consiste à déterminer une solution d'une équation différentielle du second ordre par sa valeur et celle de sa dérivée en un point.Exemple 1. Lorsque la fonction F est indépendante de x, l'équation d'Euler-Lagrange admet l'intégrale première F − y′F′y′ = Cte.
On en déduit par exemple que, pour le problème de la surface minimale de révolution, ses solutions sont, dans les bons cas, les chaînettes :
Remarque 1. On a supposé ici que le minimum f était deux fois continûment dérivable. En fait, une étude plus fine, due à P. Du Bois-Reymond, permet de montrer que, si f est une fois continûment dérivable, la fonction F′y′(x, f (x), f ′(x)) est dérivable et que sa dérivée est égale à F′y(x, f (x), f ′(x)) ; autrement dit, f satisfait encore l'équation d'Euler-Lagrange.On peut de plus vérifier qu'elle est alors deux fois dérivable en tout point où l'on a F″y′y′(x, f (x), f ′(x)) ≠ 0. Ainsi l'hypothèse de départ n'était pas trop restrictive.
Remarque 2. Certains problèmes variationnels, par exemple celui qui correspond à la fonction F = y′2(1 − y′)2, n'ont pas de solutions dans l'espace D. On est ainsi amené à élargir cet espace en l'espace D′ des fonctions f continues et continûment dérivables par morceaux sur[a, b], c'est-à-dire que f est continue sur[a, b]et qu'il existe une suite a0 = a < a1 < ... < an = b telle que f soit continûment dérivable sur chacun des intervalles[ai, ai+1].
On peut encore montrer qu'un minimum relatif f de J dans D′ satisfait l'équation d'Euler-Lagrange sur chacun des intervalles où elle est continûment dérivable (c'est une conséquence immédiate de la formule de Chasles pour les intégrales) et vérifie de plus les conditions suivantes, dues à K. Weierstrass et à G. Erdmann : en chaque point de[a, b]les limites à gauche et à droite de :
ainsi que celles de :sont égales.En utilisant le théorème de Rolle, on déduit de cette première condition qu'en un point de discontinuité c de f ′ la fonction F″y′y′(c, f (c), y′) à un zéro. Par conséquent, si F″y′y′(x, y, y′) est sans zéro, tout minimum de J dans D′ est deux fois continûment dérivable.
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Écrit par
- Claude GODBILLON : professeur à l'université Louis-Pasteur, Strasbourg
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