ASYMPTOTIQUES CALCULS
Cas des séries
Généralités
Le cas du développement asymptotique des sommes partielles des séries est analogue à celui des intégrales. Il s'agit d'étudier le comportement asymptotique des restes de séries convergentes :
et des sommes partielles de séries divergentes :Ici encore, on se ramène au cas où f appartient à une échelle classique, grâce au théorème de sommation des relations de comparaison :
Théorème. Si f et g sont positives et équivalentes au voisinage de + ∞, alors :
– dans le cas convergent :
– dans le cas divergent :
Enfin, lorsque f appartient à une échelle classique, on compare les sommes précédentes à des intégrales. Cette comparaison est facile lorsque f varie « lentement » ; plus précisément, on a :
Théorème de Hardy. Soit f une fonction à valeurs complexes de classe C1, pour x ≥ 0, telle que sa dérivée f ′ soit intégrable au voisinage de + ∞. Alors, la suite :
est convergente.Par exemple, la suite :
admet une limite, traditionnellement notée γ et appelée constante d'Euler. Ce nombre est de nature encore très mystérieuse et on ne sait même pas s'il est rationnel ou irrationnel. Une valeur approchée à 20 décimales est :Formule sommatoire d'Euler-Maclaurin
Si l'on désire un développement asymptotique à une précision plus grande, on fait appel à une technique beaucoup plus élaborée, la formule sommatoire d'Euler-Maclaurin. On suppose ici que f est suffisamment dérivable et que, pour tout entier k, la dérivée k-ième f (k) est négligeable devant f (k-1).
On se propose d'évaluer des sommes du type :
par comparaison avec l'intégrale :Plus précisément écrivons :on se ramène d'abord à l'intervalle [0, 1] pour chacune des intégrales de la somme de droite par les changements de variable u + n − 1 = t. On a, pour chacune de ces intégrales :après intégration par parties, en prenant une primitive P1 du polynôme constant P0 = 1. De même, en prenant une primitive P2 de P1, on a, par intégration par parties :On poursuit ce processus jusqu'au rang r, c'est-à-dire jusqu'à un reste portant sur f (r+1), et on choisit les primitives successives Pk de P0= 1 de telle sorte que les termes tout intégrés disparaissent deux à deux dans la sommation lorsque n varie de p + 1 à q. Il suffit pour cela d'imposer au polynôme Pk de vérifier les relations : P′k = Pk-1 pour k ≥ 1 et Pk (1) = Pk (0) pour k ≥ 2, ou, ce qui revient au même, pour tout k ≥ 1,
On démontre qu'il existe une suite (Pk) et une seule satisfaisant à ces conditions. Plus précisément, pour tout entier naturel k,
où Bk est le k-ième polynôme de Bernoulli, considéré par J. Bernoulli comme solution de l'équation aux différences : P(x + 1) − P(x) = kxk-1. Ces polynômes peuvent être introduits par la série génératrice formelle :En fait, dans ce qui précède, seuls interviennent les nombres de Bernoulli βk = Bk(0).
Pour expliciter les calculs précédents, il convient de distinguer deux cas, suivant que :
f est intégrable au voisinage de + ∞ ; il s'agit alors d'évaluer le reste :
f n'est pas intégrable ; il s'agit alors d'évaluer la somme partielle :
Ces deux cas sont explicités dans l'article sur l'histoire du calcul numérique déjà cité, avec des exemples classiques, comme la formule de Stirling et des applications à la fonction gamma.
Il convient de noter que la formule sommatoire d'Euler-Maclaurin est de type asymptotique, c'est-à-dire que les restes ne tendent pas nécessairement vers 0. Mais, lorsque ce reste tend vers 0, la formule sommatoire fournit des développements en série. Ainsi, appliquant cette formule à la fonction t ↦ ezt, on montre que, pour |z | < 2π,
On en déduit les développements[...]La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Louis OVAERT : agrégé de l'Université, ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de mathématiques spéciales
- Jean-Luc VERLEY : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-VII
Classification
Média
Autres références
-
NUMÉRIQUE ANALYSE
- Écrit par Jean-Louis OVAERT et Jean-Luc VERLEY
- 6 378 mots
On suppose que a(n) − a admet un développement asymptotique de la forme :on notera que le cas où rn admet un développement asymptotique de la forme : se ramène au précédent en introduisant la suite (a′(n)) de terme général a′(n) = a(2n). -
STIRLING JAMES (1692-1770)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 363 mots
Mathématicien anglais, né en mai 1692 à Gardon (Stirling) et mort le 5 décembre 1770 à Édimbourg, qui fit faire d'importants progrès à la théorie des séries. Renvoyé d'Oxford pour intelligence avec les jacobites, James Stirling vint, en 1715, étudier à Venise, ce qui lui valut de surnom de Stirling...