CALCUTTA ou KOLKATA
Une métropole en crise
Parmi les grandes agglomérations de l'Inde, Calcutta est celle qui croît le plus lentement – à peine plus de 2 p. 100 de croissance démographique annuelle moyenne dans les décennies 1960 et 1970, ce qui est peu par rapport à Bombay ou à Delhi. Il est d'autre part probable que Calcutta offre l'image d'un sous-équipement urbain et d'une accumulation de misère qui n'ont pas leur pareil ailleurs en Inde. Ces difficultés ont des causes multiples.
La perte de son rôle politique et la croissance économique rapide de la région de Delhi lui portent ombrage. L'établissement d'une frontière, très peu perméable au temps où une grande partie du Bengale faisait partie d'un Pakistan hostile à l'Inde (de 1947 à 1970) – la fondation d'un Bangladesh plus amical n'ayant pas totalement rétabli la situation –, a privé Calcutta d'une fraction importante de son arrière-pays et de ses sources de matières premières. L'envasement du port, son inadaptation à la circulation des grands bateaux actuels ont conduit à une stagnation relative de l'activité portuaire. On a bien essayé de redonner davantage d'eau à la Hooghly en détournant vers elle une partie des eaux du Gange par la construction du barrage de Farakka à la tête du delta ; mais il ne peut être utilisé à plein en raison des protestations du Bangladesh. Une partie des activités portuaires a été déplacée vers Haldia, à l'embouchure de la Hooghly. Des considérations politiques ont aussi beaucoup nui à Calcutta. Le Bengale est une ancienne citadelle du communisme indien : l'État indien du Bengale occidental avait en 1990 un gouvernement où les partis communistes étaient majoritaires. Mais la région a aussi connu une forte implantation d'un mouvement révolutionnaire d'inspiration « maoïste », celui des Naxalites. L'insécurité politique, la combativité ouvrière ont longtemps détourné de la région de Calcutta les investissements de capitalistes indiens qui trouvaient dans d’autres villes indiennes des conditions plus favorables et des climats sociaux plus rassurants. Elle profite toutefois aujourd’hui de la croissance générale du pays et connaît un certain renouveau économique.
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Écrit par
- François DURAND-DASTÈS : professeur à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
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Médias
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