CALENDRIERS
La réforme grégorienne de 1582
L'année julienne de 365,25 jours est légèrement trop longue comparée à l'année de saisons de 365,2422 jours : elle l'emporte de 0,0078 jour/an et le calendrier julien va retarder de 3 jours en quatre siècles, ainsi que l'ont constaté les Pères de l'Église réunis au concile de Nicée en 325. Sosigène a prétendu fixer « définitivement » l'équinoxe de printemps au 25 mars mais, en 325, il l'a rétrogradée au 21. Les Pères de l'Église, attribuant cet écart à une erreur de Sosigène, lièrent la date de Pâques à l'équinoxe de printemps placé « définitivement » le 21 mars. De 46 avant J.-C. à 1582, il s'est écoulé 1 600 ans et le décalage aurait dû être de 12 jours (3 jours pour 400 ans) ; or il était de 14 jours (25 mars au 11 mars). Sosigène a effectivement commis une erreur, de 1 jour seulement. Dans la réalité, nous avons encore inscrit dans notre calendrier actuel le souvenir de cet état primitif du calendrier julien : aux dates anciennes des équinoxes et solstices on retrouve les grandes célébrations païennes des saisons remplacées plus tard par des fêtes religieuses chrétiennes (25 mars : Annonciation ; 24 juin : saint Jean ; 25 décembre : Noël).
Dans les siècles qui suivent le concile de Nicée, les défauts du calendrier s'amplifient et la fête de Pâques est célébrée de plus en plus tôt. Les autorités ecclésiastiques essayèrent de trouver une solution à l'occasion de diverses réunions d'astronomes et de conciles (Avignon, 1344 ; Constance, 1415 ; Bâle, 1434), sans aboutir à une solution satisfaisant tout le monde. Le problème devient de plus en plus urgent, et c'est finalement le concile de Trente (1545-1562) qui charge le pape Grégoire XIII de procéder à la réforme. Celui-ci nomme une commission de réforme du calendrier composée de nombreux savants de l'époque, parmi lesquels Christopher Clavius et Antonius Lilius. La solution est proposée par Luigi Lilio. Malheureusement, celui-ci ne vécut pas assez longtemps pour assister aux travaux de la commission sur le nouveau calendrier, appelé à l'époque calendrier lilien avant l'appellation consacrée de calendrier grégorien. En 1582, l'équinoxe de printemps advient le 11 mars, en avance de 10 jours sur la date qui lui avait été assignée par le concile de Nicée. Pour rétablir l'équilibre afin de rester cohérent avec la date de Pâques, la commission propose d'amputer l'année 1582 de 10 jours ; le projet soumis aux autorités (rois, savants...) est proposé au pape (« Canones in Calendarium Gregorianum perpetuum »), qui ordonne la réforme par la bulle papale Inter gravissimas du 24 février 1582, dans laquelle il annonce la mise en œuvre du nouveau calendrier à partir du 15 octobre de la même année et propose : « qu'afin de rendre à l'équinoxe de printemps la place qu'elle avait à l'origine et que les Pères du Concile de Nicée fixèrent au XII Kalendas Aprilis (21 mars) [...] 10 jours, du troisième jour des Nones (5 octobre) au jour précédant les Ides (14 octobre) inclus, soient supprimés ». Afin de ne pas rompre la succession des jours de la semaine, au jeudi 4 octobre succéda le vendredi 15 octobre. Si la réforme annule parfaitement la dérive du calendrier, le nœud du problème n'est pas résolu car il faut éliminer définitivement les causes de la dérive de l'équinoxe dans le calendrier. L'année julienne avance d'environ 3 jours en 400 ans. Pour maîtriser cette dérive, il est décidé que le jour ajouté aux années séculaires (1600, 1700...) sera supprimé sauf si l'année n'est pas divisible par 400 (1600, 2000...) : c'est la raison pour laquelle les années 1700, 1800 et 1900 n'étaient pas bissextiles alors que 2000 le fut. L'année grégorienne vaut 365 + 1/4 — (3/400) = 365,2425 jours. Elle est donc encore trop longue de[...]
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Écrit par
- Jean-Paul PARISOT : professeur à l'université de bordeaux1
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