KAIROUAN CALIFAT FATIMIDE DE (910-969)
En 910, la dynastie des Aghlabides, qui règne en Ifrīqiya (la Tunisie actuelle) tout en reconnaissant l'autorité nominale du calife abbasside de Bagdad depuis 800, est renversée par un soulèvement des tribus berbères Kutāma, qui proclament ‘Ubayd Allāh seul calife légitime. Ces Berbères ont été convertis au chiisme par un prédicateur missionnaire comme il y en avait beaucoup à cette époque. En effet, depuis la fin du viie siècle, la communauté musulmane (Umma) est partagée entre ceux qui veulent que le « successeur » (khalīfa, d'où vient le mot calife) de Mahomet (ou Muḥammad) appartienne à sa descendance par ‘Alī, son cousin et gendre, et par Fātima, sa fille (d'où le nom de « Fatimides »), et ceux qui estiment qu'un membre de sa tribu (Quraysh) convient parfaitement. Les ‘Alides sont écartés du pouvoir après l'assassinat de ‘Alī (661) au profit de la dynastie omeyyade : ils passent alors dans l'opposition, parfois armée, et mènent une active propagande contre le régime omeyyade de Damas puis abbasside de Bagdad. Le coup d'État de Kairouan, en 910, est l'une des manifestations de cette division originelle de l'Umma. Pour la première fois, dans l'Islam médiéval, deux personnes revendiquent en même temps le titre de calife et la légitimité du pouvoir sur tous les musulmans : la division politique de la communauté est consommée. En 969, le souverain fatimide ordonnera le transfert de la capitale califale en Égypte, dans la ville princière qu'il fait construire, al-Qāhira (Le Caire), près de l'ancienne Fustāt.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pascal BURESI : directeur de recherche au CNRS
Classification