CALIFORNIE
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Une histoire au rythme des migrations
Habitée depuis environ dix mille ans par des populations amérindiennes vivant de cueillette, de chasse et de pêche, la région est explorée au xvie siècle par les Européens, qui l’ont longtemps imaginée comme une île. À partir de 1769, les Espagnols, remontant vers le nord, y installent un réseau urbain côtier, constitué, dans un premier temps, de vingt et une missions, quatre presidios (forts militaires) et trois pueblos (villages). En 1821, l’indépendance du Mexique fait passer la Californie du statut de marche impériale à celui de province mexicaine. L’armée des États-Unis l’occupe en 1846 pendant la guerre contre le Mexique, qui se trouve contraint de la céder à son voisin du Nord par le traité de Guadalupe Hidalgo en février 1848.
La même année, la découverte d’importants gisements d’or (un filon de 190 km dans les collines au pied de la cordillère) provoque l’arrivée massive d’immigrants venus du monde entier. Ainsi, la Californie peut remplir les conditions démographiques imposées par l’ordonnance du Nord-Ouest de 1787 (une population de 60 000 habitants libres) pour devenir le 31e État des États-Unis, le 9 septembre 1850, en tant qu’État non esclavagiste, en échange de concessions de la part des États du Nord, dans le cadre du Compromis de 1850. Elle connaît encore plusieurs vagues d’immigration, motivées par la découverte et l’exploitation de nouvelles ressources. En 1869, l’achèvement du chemin de fer transcontinental relie la Californie au reste du pays et ouvre des débouchés économiques à ses productions agricoles. Des gisements de pétrole sont découverts en Californie du Sud dans les années 1870 et provoquent une ruée vers l’or noir, tandis que la douceur du climat fait de l’État une destination attractive pour nombre d’habitants du Midwest lassés des hivers rigoureux.
Mais le grand séisme du 18 avril 1906 détruit 80 % de la ville de San Francisco, notamment par des incendies, provoquant la mort de quelque trois mille personnes et freinant le développement de la ville malgré une reconstruction rapide. En 1914, l’ouverture du canal de Panamá relance l’économie de la région au bénéfice de Los Angeles, en facilitant le commerce maritime entre la côte est et la côte ouest des États-Unis. C’est aussi à « L.A. », dans le quartier de Hollywood, que s’installe à partir des années 1910 une nouvelle activité qui va assurer la notoriété et la fortune de la Californie : l’industrie du cinéma. Pendant la grande crise économique des années 1930, la construction à San Francisco du Golden Gate Bridge – le pont le plus haut et le plus long du monde à son achèvement, en 1937 – devient le symbole de la puissance des États-Unis et de l’ambition de la côte Ouest.
Les multiples guerres menées dans la zone pacifique à partir de 1941 puis la guerre froide renforcent l’importance géostratégique de la Californie. Dès 1939, le gouvernement fédéral implante le centre de recherche aéronautique de Moffett Field, à Mountain View, près de San Francisco. D’autres centres sont installés dans le sud de l’État par la National Aeronautics and Space Administration (NASA). Les crédits accordés à l’université Stanford par le ministère de la Défense financent la recherche et le développement de matériel électronique puis de l’informatique dans la vallée de Santa Clara – appelée Silicon Valley à partir des années 1970, le silicium étant le matériau de base des puces électroniques. Des étudiants, des chercheurs, des ingénieurs venus du monde entier s’y regroupent pour inventer de nouvelles technologies. Par ailleurs, la réputation de prospérité et de tolérance de San Francisco attire dans les années 1950 et 1960 des adeptes de cultures alternatives – beatniks, hippies ensuite… – et des mouvements contestataires – c’est à Oakland[...]
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Écrit par
- Annick FOUCRIER : historienne, professeure émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, histoire de l'Amérique du Nord, UMR SIRICE 8138
Classification
Médias
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