CALLIMAQUE (env. 310-env. 243 av. J.-C.)
L'érudit
Novateur, Callimaque le fut encore dans un domaine qui n'était alors pas séparé de l'activité littéraire : l'érudition. On ne peut qu'évaluer l'importance de son rôle, d'abord par le nombre de ses disciples (Ératosthène et Aristophane de Byzance entre autres), ensuite par le travail de classement qu'il accomplit à la Bibliothèque royale d'Alexandrie, d'après le témoignage des Anciens : les Pinakes (« tables » des auteurs et de leurs œuvres) furent le premier catalogue digne de ce nom, instrument indispensable à toute activité érudite et philologique. Cependant, Callimaque n'exerça jamais, bien qu'on l'ait cru jadis, les fonctions de chef de la Bibliothèque.
L'effervescence intellectuelle d'Alexandrie se manifesta aussi, à partir de la poésie comme de l'érudition, par des discussions, dont certaines, selon la tradition, furent de véritables querelles. L'une, en particulier, aurait opposé Callimaque à son propre disciple, Apollonios de Rhodes, l'auteur des Argonautiques. L'importance de ces querelles est peut-être exagérée. De plus, elles se compliquent de l'incertitude de la chronologie. Les œuvres des poètes hellénistiques sont en général difficiles à dater. Nous ne disposons que de quelques repères sûrs, d'après des œuvres de circonstances. L'activité de Callimaque se situe entre le début du iiie siècle (poèmes inspirés de près par Cyrène) et, date mieux assurée, dans les années tournant autour de 240 ; l'Épinicie en l'honneur de Sosibios se place en effet en 243.
De récentes découvertes papyrologiques (Papyrus des collections de Lille) ont révélé l'existence d'une édition commentée d'un poème de Callimaque qui ne saurait être postérieure aux années 220 avant J.-C. Le fait est remarquable et significatif : peu après sa mort, sinon même de son vivant, le poète a été l'objet d'études et de commentaires. Cela souligne l'importance décisive qu'il eut sur l'évolution de la littérature.
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Écrit par
- Claude MEILLIER : professeur à l'université de Lille-III
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