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CALVINISME

L'initiative vient de Dieu

Quelle est la doctrine du calvinisme ? Il s'agit essentiellement d'une doctrine tirée des saintes Écritures. Calvin n'avance rien qu'il ne puisse appuyer sur un texte biblique, c'est la seule preuve qu'il admet. C'est donc avant tout une exposition de la parole de Dieu.

Le calvinisme est une doctrine de Dieu, un Dieu personnel et vivant. Tour à tour les trois personnes de la Trinité y manifestent leur œuvre. On pourrait aussi bien dire que le calvinisme est une doctrine de Dieu (théocentrisme), une doctrine du Christ (christocentrisme) et une doctrine du Saint-Esprit (pneumatocentrisme). La souveraineté absolue de Dieu y est proclamée, et tout est examiné du point de vue de Dieu, de son action, de sa décision, mais, en même temps, l'œuvre de notre salut est ramenée au Fils de Dieu, sauveur et réconciliateur, nourriture de l'âme, source de vie. Et cette œuvre du Christ, actuellement élevé dans la gloire, est communiquée par le Saint-Esprit, en vertu d'une dynamique qui actualise et rend efficaces toutes les richesses acquises par la mort et la résurrection du Seigneur. Cette théologie trinitaire est une doctrine de la transcendance. Elle écarte avec vigueur tout panthéisme, tout psychologisme, tout évolutionnisme, tout immanentisme, en un mot tout anthropocentrisme.

La première phrase de l'Institution de la religion chrétienne révèle le plan de l'ouvrage : « Toute la somme presque de notre sagesse, laquelle a tout vraiment compter mérite d'être réputée vraie et entière sagesse, est située en deux parties : c'est qu'en connaissant Dieu chacun de nous aussi se connaisse. » Connaissance de Dieu et connaissance de l'homme. La connaissance de Dieu ne nous est pas naturelle. Nous pouvons bien savoir qu'il y a un Dieu, mais nous ne pouvons connaître qui il est, tant que lui-même ne se révèle pas à nous par la sainte Écriture, éclairée en nous par le témoignage intérieur du Saint-Esprit. Comme l'a dit Pascal, « Dieu parle bien de Dieu. » La théologie naturelle est impossible en raison de l'hébétement dans lequel se trouve l'homme à la suite de la chute originelle.

Cette désobéissance première, cette révolte a séparé l'homme de Dieu et l'a complètement aliéné de son Créateur. Dans son intégrité première, l'homme était libre, il possédait le « franc arbitre », par lequel, s'il eût voulu, il eût obtenu la vie éternelle, dans l'union avec Dieu. En désobéissant à Dieu, il s'est mis sous l'esclavage du Tentateur. Il est devenu esclave du péché, il n'a plus qu'un « serf arbitre » ; il a gardé sa volonté, mais il a été dépouillé d'une volonté pour le bien, d'une saine volonté. Citant saint Bernard, Calvin déclare : « Vouloir est de l'homme. Vouloir le mal est de nature corrompue. Vouloir le bien est de grâce » (Inst. chrét., II, iii, 5).

« Afin que personne ne se glorifie »

Ce pessimisme radical dénie à l'homme, aussi bien dans son intelligence que dans sa volonté, toute possibilité d'un élan vers Dieu. Dieu vient lui-même chercher l'homme et le délivrer de sa servitude. Toute l'œuvre de notre salut est en Dieu. C'est une théologie de la grâce dans toute sa force, de cette grâce qui fait vers l'homme les premiers pas et garde toujours l'initiative, de cette grâce qui enlève à l'homme toute raison de se glorifier. Calvin se situe dans la ligne de saint Paul et de saint Augustin, comme dans celle de Luther. Il reprend le grand message de l'Épître aux Éphésiens, ii, 8 : « C'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est pas par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. » Toute la Réforme[...]

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Écrit par

  • : doyen honoraire de la faculté de théologie protestante de Montpellier
  • : pasteur, président du journal Réforme

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Jean Calvin - crédits : Imagno/ Getty Images

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