CALVINISME
Controverse sur la grâce
Cette considération appelle un rapide examen des grandes lignes de l'histoire du calvinisme.
Au lendemain de la mort de Calvin, sa tâche fut continuée par celui qui était depuis plusieurs années son collaborateur et son ami, Théodore de Bèze. Ce dernier affermit à Genève l'œuvre commencée, et ses écrits théologiques sont très importants. Il fut au colloque de Poissy, en 1561, le chef de la délégation réformée et fit par ses discours une impression profonde.
L'arminianisme
Théodore de Bèze avait durci les thèses calviniennes de l'élection et de la réprobation. Dès le début du xviie siècle, une importante querelle s'éleva à ce sujet en Hollande. Jacques Arminius (Harmensen) voulut diminuer la rigueur des affirmations prédestinatiennes. Pour lui, la grâce de Dieu est offerte à tous les hommes et l'homme est libre de l'accepter ou de la refuser. À son avis, la responsabilité du salut et de la perdition est dans l'homme, la grâce étant indispensable mais non irrésistible. Jésus-Christ est mort pour tous les hommes et ceux qui croient reçoivent la rémission des péchés. Mais la foi est en dernière analyse une œuvre de l'homme.
Arminius rassembla autour de ses idées des partisans qui adressèrent, en 1610, aux États des Pays-Bas une remontrance exposant leur position, d'où leur nom de remonstrants. Arminius avait été attaqué comme pélagien par son collègue Gomar. Arminiens et gomaristes s'attaquèrent mutuellement avec vigueur. Pour résoudre ces controverses, un synode fut convoqué à Dordrecht en novembre 1618. Il était formé par des députés des Églises réformées de Hollande, du Palatinat, de Hesse, de Genève, d'Angleterre et d'Écosse. Le roi Louis XIII avait interdit aux députés des Églises de France de s'y rendre. Le synode rédigea contre les erreurs des remonstrants les canons de Dordrecht qui régissent encore les Églises réformées de Hollande. Ils furent approuvés par les Églises réformées de France en 1620 au synode d'Alès.
Moïse Amyraut
Les discussions sur la grâce agitaient à la même époque les Églises réformées de France, et du reste l'Église catholique. Sans entrer dans le détail de ces querelles, qui peuvent paraître bien lointaines et dont la portée nous échappe, il faut mentionner le système d'Amyraut connu sous le nom d' universalisme hypothétique. Il affirme que Dieu veut sauver tous les hommes, d'où le terme d'universalisme, mais il distingue ensuite en Dieu une volonté antécédente et une volonté subséquente. D'une volonté antécédente, avant la chute, Dieu veut sauver tous les hommes. Mais la chute introduit le péché dans le monde et ce péché mérite un juste châtiment. Par une volonté subséquente, Dieu décide de montrer sa justice et de punir les hommes, mais aussi de montrer son amour en en sauvant quelques-uns. C'est donc le particularisme retrouvé. Car la foi qui sauve reste, comme dans la pensée de Calvin, l'œuvre de Dieu. L'universalisme est donc soumis à l'hypothèse de la foi. D'où son nom d'universalisme hypothétique.
Bien qu'elle soit proche de la pensée de Calvin, cette opinion a été très vivement combattue par des théologiens comme André Rivet et Pierre Du Moulin. Enfin, la controverse fut close par les synodes d'Alençon (1637), de Charenton (1644) et de Loudun (1655).
Le méthodisme
Au xviiie siècle, Wesley, prédicateur en Angleterre d'un puissant mouvement de réveil, qu'on a appelé le méthodisme, prit une position très ferme en faveur de l'arminianisme. Il croyait devoir redonner à la volonté humaine une place dans l'acceptation du salut, et sa prédication exigeait avec force la décision. Cette prise de position amena sa séparation d'avec son collaborateur Whitefield, qui resta attaché à la doctrine[...]
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Écrit par
- Jean CADIER : doyen honoraire de la faculté de théologie protestante de Montpellier
- André DUMAS
: pasteur, président du journal
Réforme
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