CAMARGUE

Région de France située en Provence, la Camargue est formée par le delta du Rhône. Celui-ci commence en amont d'Arles. Le fleuve se divise alors en deux bras : le grand Rhône qui se dirige vers le sud-est ; le petit Rhône vers le sud-ouest. Ces deux bras délimitent le territoire de Camargue. Le delta se prolonge sous la mer en pente faible. Le littoral est formé de cordons sableux qui dessinent le golfe des Saintes-Maries ou de Beauduc à l'ouest et le golfe de Fos-sur-Mer à l'est. La pointe de Beauduc et le They-de-la-Gracieuse, deux flèches de sables, les ferment partiellement. Le caractère le plus frappant de la Camargue est sa platitude : sur une superficie de 85 000 hectares, les points les plus hauts ne font que quelques mètres. La topographie est, en revanche, fortement marquée par les traces d'anciens cours d'eau et par des dépressions peu profondes, parfois situées à quelques mètres sous le niveau de la mer, bordées de cordons littoraux anciens qui signalent les progressions du delta vers le sud. L'étang de Vaccarès, situé vers la mer, est très vaste (10 km d'est en ouest et 5 km du nord au sud), parsemé d'îles et de radeaux de terre. Il correspond à la partie centrale de la Réserve nationale de Camargue où entrent en interaction deux milieux différents : le milieu marin (étangs salés littoraux, lagunes d'eaux saumâtres) et celui du fleuve, qui apporte des limons et des eaux douces. Les digues et les canaux de drainage caractérisent les paysages camarguais.

La Camargue constitue un delta toujours vivant. De la mer vers l'intérieur des terres, on passe successivement des étangs salés littoraux à des lagunes saumâtres, puis aux marais. Le gradient de salinité détermine des milieux écologiques différents, ce qui explique que la Camargue soit le royaume des oiseaux les plus divers. On y dénombre plusieurs centaines d'espèces, dont cent cinquante migratrices. Parmi eux, les flamants roses, oiseau symbole du delta. La Camargue est le seul lieu de nidification des flamants roses avec la Marina andalouse. Cet environnement original est le résultat d'une transgression marine qui s'est produite il y a environ 6 000 ans. Elle a contraint le fleuve, dont la pente diminuait, à se diviser en de nombreux bras et a multiplié les étangs et les marais à roselières. Les roseaux d'étangs sont accompagnés de très nombreuses herbacées adaptées aux milieux fluvio-lacustres.

Trois entités territoriales peuvent être identifiées du nord au sud.

La Camargue agricole et rizicole – celle des grands mas voués à la culture du riz, des plantes fourragères, des fruits, des légumes et de la vigne – s'étend au nord du delta et sur les pourtours des deux bras du fleuve. Elle est le résultat d'une longue lutte contre l'eau trop abondante, grâce au drainage des zones les plus humides et à l'irrigation des zones les plus sèches. Les cultures couvrent environ 25 000 hectares et la riziculture occupe 80 % des terres labourables. L'élevage ovin dans le haut delta a fortement reculé sous l'effet de l'extension des rizières sur les enganes (terrains de parcours), ainsi que du développement des vergers irrigués et de la vigne.

La Camargue poétique, sauvage et protégée, se développe au centre et au sud (moyenne et basse Camargue). Frédéric Mistral l'a décrite en quelques vers célèbres : « Un plat pays immense ; des landes qui n'ont à l'œil aucune limite ; de loin en loin pour toute végétation de rares tamaris et la mer qui apparaît. Amères prairies de plages marines où errent les taureaux noirs et les petits chevaux blancs. » C'est la Camargue laguno-marine. Les lagunes et les étangs d'eau saumâtre ou salée couvrent les deux tiers du territoire. Une des principales ressources naturelles est le roseau. On l'utilise dans la construction des mas camarguais[...]