CAMBISTE
Le cambiste est à la banque ce que le trésorier est à l'entreprise : l'homme de réconciliation des comptes. Son rôle est d'acheter et de vendre très rapidement des devises en essayant d'assurer des gains et de limiter les pertes de change, ou mieux, de ne pas les subir.
Nulle fonction n'a davantage évolué ni pris autant d'importance au sein de la profession bancaire que celle-ci au cours des deux dernières décennies. En effet, par le passé, un employé de banque entrait au service « change » sans vocation ni formation particulière : les risques étaient minimes en régime de parités fixes, et le métier s'apprenait sur le tas. Mais l'environnement monétaire et financier international a dramatiquement évolué : le bouleversement du système monétaire international, avec les variations erratiques de la monnaie dominante — à savoir le dollar — et l'émergence du yen japonais, la crise financière internationale et son corollaire, la montée de l'endettement, le décloisonnement des marchés de capitaux et la désintermédiation bancaire se sont combinés pour remettre complètement en question l'approche de l'activité internationale, la gestion de trésorerie et de financement, et cela aussi bien dans les services financiers des entreprises qu'au sein des banques et de leurs départements spécialisés.
L'innovation financière est devenue l'arme maîtresse de ces nouveaux opérateurs que sont les cambistes dans un cadre moins réglementé mais de concurrence accrue entre établissements bancaires. À côté des opérations traditionnelles de marché se sont développées de nouvelles techniques dont le but est de limiter les risques de change (options sur devises, swaps de devises) et de taux (marchés à terme de taux d'intérêt, swaps de taux, etc.). Leur maniement exige des connaissances très poussées, un sens développé des mathématiques financières et de l'informatique ainsi qu'un professionnalisme dont sont seules garantes des qualités psychologiques comme le sang-froid, la rapidité de décision et une honnêteté scrupuleuse. Car c'est le paradoxe de ce métier dont le stress est le lot quotidien — chaque jour le cambiste est confronté à une situation nouvelle —, les connaissances, quelles qu'elles soient, ne remplacent jamais l'expérience.
Le cambiste officie dans une structure spécifique, anciennement appelée salle de change, aujourd'hui salle de marché. Au sein des banques, les salles de marché remplissent cinq fonctions principales : la connaissance et la comptabilisation des positions ; les paiements auxquels donnent lieu les transactions ; le service de la clientèle d'entreprise ; la gestion des positions de la banque, constitutives de toutes les actions initiées sur le marché des changes ; la recherche de profits sur les marchés (arbitrage et spéculation).
Les deux premières fonctions sont essentiellement administratives. Elles relèvent de la compétence de ce qu'il est convenu d'appeler dans le jargon le back office ; les autres sont le fait du front office. Le cambiste peut être de marché : c'est alors un trader qui assure la gestion des positions et l'activité de centre de profit. Il peut aussi servir d'intermédiaire entre les clients et le marché, et marier les intérêts des premiers avec la tendance du second. Il s'appelle alors cambiste clientèle ou dealer, et sa fonction est de vendre des stratégies à la clientèle.
Dans ce métier, l'information est primordiale. Comme la presse ne peut fournir l'information en continu, les cambistes utilisent des systèmes électroniques informatisés capables de diffuser les nouvelles en temps réel. Le plus difficile reste l'interprétation des informations transmises : cotations des autres banques présentes sur le marché, événements économiques et politiques intervenant[...]
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Écrit par
- Marie-France BAUD-BABIC : secrétaire générale adjointe de Confrontation Europe
Classification
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