CAMEROUN
Nom officiel | République du Cameroun (CM) |
Chef de l'État | Paul Biya (depuis le 6 novembre 1982) |
Chef du gouvernement | Joseph Dion Ngute (depuis le 4 janvier 2019) |
Capitale | Yaoundé |
Langues officielles | Anglais, français |
Unité monétaire | Franc CFA |
Population (estim.) |
27 334 000 (2024) |
Superficie |
466 050 km²
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Article modifié le
Le Cameroun contemporain
La dynamique politique
L'accord signé le 4 mars 1916 entre les gouvernements britannique et français attribuait au Royaume-Uni une zone limitrophe du Nigeria peuplée, au nord, de Peuls, et au sud, de Bamiléké ; et octroyait à la France la plus grande partie du Cameroun. Ce dernier est passé ensuite sous mandat de la Société des Nations puis, en 1946, sous tutelle de l'Organisation des Nations unies (ONU). Les deux puissances européennes ont alors préparé séparément l'accession à l'autonomie des territoires dont elles avaient la charge.
La tutelle britannique
Le système institutionnel du Cameroun sous tutelle britannique est restreint jusqu'en 1946 – pour sa partie méridionale (Southern Cameroons) –, et intégré à la province sud-orientale du Nigeria – pour sa partie septentrionale. Il n'a évolué qu'à partir de 1954, avec l'accession du territoire au statut de collectivité publique autonome. Il s'est alors vu doté d'organes spécifiques, en particulier d'une Assemblée législative – compétente dans tous les domaines ne relevant pas de la Chambre fédérale du Nigeria – et d'un Conseil exécutif. En 1959, le nombre d'élus à l'Assemblée législative a augmenté tandis que le Conseil exécutif se transformait en Conseil des ministres composé d'hommes politiques – et non plus de fonctionnaires – aux responsabilités accrues.
Cette institutionnalisation a accentué, dans le Southern Cameroons, le dilemme entre l'autonomie régionale au sein du Nigeria indépendant, défendue notamment par le Kamerun People's Party de Paul M. Kale, et la réunification avec le Cameroun francophone, souhaitée par le Kamerun National Democratic Party de John Ngu Foncha et Solomon Tandeng Muna. Le plébiscite organisé par le gouvernement britannique, le 7 novembre 1959, a donné un résultat favorable au maintien de la tutelle.
La tutelle française
La confrontation entre les autorités coloniales et un mouvement nationaliste révolutionnaire marque l'évolution politique du Cameroun sous tutelle française. Représenté, à partir de 1946, comme les autres territoires d'outre-mer au sein des assemblées politiques de la France, ce dernier n'en subissait pas moins l'étroit contrôle et la centralisation du pouvoir de décision dans la métropole, notamment à travers des artifices juridiques (système de double collège, suffrage restreint) limitant la participation des populations. La structure des champs politiques reproduisait les tensions et clivages traversant la société. Elle comportait, d'un côté, des organisations ethniques et régionales (le Ngondo en pays Douala, la Um NkodaNtondes Bassa, leKumsze des Bamiléké, l'Efoula-Meyong dans le Ntem-Kribi, le Front national camerounais dans l'Adamaoua) dont le poids dans la vie politique nationale dépendait de l'influence qu'exerçaient les chefferies traditionnelles. De l'autre côté, elle était formée de partis politiques généralement représentés par des élites citadines, relativement autonomes des groupements tribaux, ayant des relations avec des représentants de l'administration coloniale, des formations politiques (SFIO, MRP...) ou des syndicats français (CGT...). Il s'agissait notamment de l'Union des populations du Cameroun (UPC), créée en 1948, affiliée au Rassemblement démocratique africain (RDA, grand parti fédéral de l'Afrique noire francophone) et qui s'appuyait sur des salariés syndiqués ; du Bloc démocratique camerounais (BDC), né en 1951, d'obédience catholique ; de l'Union sociale camerounaise (USC), mise en place en 1953. En mai 1955, l'UPC est dissoute face à l'agitation syndicale dans le sud du pays et la région de Douala. Elle entre alors dans la clandestinité et devient l'Armée de libération nationale du Kamerun (ALNK). La répression contre les rebelles et les populations qui les cachent[...]
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Écrit par
- Maurice ENGUELEGUELE : docteur en science politique, chercheur au centre universitaire de recherches administratives et politiques de Picardie, U.M.R. 6054 du C.N.R.S.
- Jean-Claude FROELICH : Directeur du Centre des hautes études administratives sur l'Afrique et l'Amérique modernes de l'université de Paris (C.H.E.A.M.), administrateur en chef des affaires d'outre-mer
- Roland POURTIER : doctorat ès lettres et sciences humaines, professeur honoraire, université de Paris-Panthéon-Sorbonne, membre de l'Académie des sciences d'outre-mer
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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