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JULLIAN CAMILLE (1859-1933)

Issu d'une famille protestante des Cévennes, Camille Jullian fut marqué par son éducation familiale et aussi par la défaite de la France en 1870, qui lui fut cruelle et exalta son patriotisme. Après avoir fait ses études secondaires à Marseille, il fut reçu en 1877 à l'École normale supérieure, où ses maîtres, Fustel de Coulanges, Ernest Lavisse, Gabriel Monod, Vidal de la Blache, exercèrent sur lui une influence profonde et bénéfique. Reçu en 1880 premier à l'agrégation d'histoire, il fut nommé membre de l'École française de Rome, que dirigeait alors Auguste Geffroy. À Rome, il rédige sa thèse sur L'Histoire de l'administration de l'Italie d'Auguste à Dioclétien, dans laquelle il cherche à montrer le relatif libéralisme des empereurs, en opposition avec l'opinion de Mommsen. Celui-ci pensait, pour sa part, qu'ils avaient tout fait pour abattre et supprimer les libertés municipales.

Une bourse d'un an permit à Camille Jullian de suivre à Berlin les cours de Mommsen, dont il admira la science. Il écrira : « Je tiens à égal honneur d'avoir été l'élève de Fustel de Coulanges et de Mommsen. » En 1883, Camille Jullian est nommé professeur à la faculté des lettres de Bordeaux, où il restera plus de vingt ans. En 1905, il fut élu au Collège de France, et il y inaugura une chaire nouvelle, celle des Antiquités nationales, qui lui permit d'enseigner avec brio jusqu'à sa retraite, en 1930. En 1908, Camille Jullian fut élu à l'Académie des inscriptions et belles lettres, en 1924 à l'Académie française ; en 1931, il reçut le prix Osiris, prix des différentes académies réunies.

Sa recherche et son enseignement se situent à un moment important dans la vie de l'université française. Les Grandes Écoles mises à part, l'enseignement supérieur français avait été jusqu'alors de caractère fondamentalement littéraire, avec de brillants cours publics comme ceux de Cousin, Guizot et Michelet. En face des universités allemandes, alors en plein travail et développement scientifique, les facultés françaises de la fin de l'Empire et du début de la République faisaient piètre figure. « Sommes-nous condamnés, écrivait Berthelot en 1885, dans le journal Le Temps, à une infériorité sans remède dans la haute culture de l'esprit ? Sommes-nous destinés à manquer à jamais, sinon d'hommes, mais d'outils dans le haut enseignement ? » À la suite du précurseur qu'avait été Victor Duruy, la IIIe République s'employa à rattraper le retard. Camille Jullian, pour sa part, étudia la pédagogie des universités allemandes et s'appliqua à développer l'enseignement scientifique dans le cadre des facultés françaises et à multiplier les cours de séminaires en face des grands enseignements publics. Ce renouveau se fit dans un cadre régional aussi bien qu'à Paris.

À Bordeaux, Camille Jullian se consacre tout d'abord à l'épigraphie latine et publie en 1885, dans le Bulletin épigraphique, qui devint en 1886 L'Année épigraphique, « Les Inscriptions de la vallée de l'Huveaune ». Il publia Les Inscriptions romaines de Bordeaux, en deux tomes parus respectivement en 1887 et 1890. De là, il passa à L'Histoire de Bordeaux, publiée en 1895 et qui ne se limite pas à l'époque antique mais envisage aussi les temps modernes. Dans les mêmes années, Camille Jullian s'occupe de rassembler et de publier l'œuvre de Fustel de Coulanges, son maître.

C'est ensuite l'histoire de la Gaule indépendante puis de la Gaule soumise à Rome qui a occupé toute son activité. En 1892 voit le jour un petit volume, Gallia, destiné aux élèves des lycées et qui est, en réalité, un bref manuel d'archéologie et d'histoire gallo-romaine. Dans ce livre, Camille Jullian semble encore considérer[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

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