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MAURANE CAMILLE (1911-2010)

Le baryton français Camille Maurane (de son vrai nom Camille Moreau) naît à Rouen, le 29 novembre 1911. Son père, professeur de chant, est son premier maître. Le jeune Camille intègre en 1921 la célèbre Maîtrise Saint-Évode de la cathédrale de sa ville natale, où il travaille le chant avec les abbés Bénard et Mignot, qui lui inculquent l'art du chant méditatif. Il n'entre que tardivement, à l'âge de vingt-cinq ans, au Conservatoire de Paris, où il fréquente, de 1936 à 1939, les cours de chant de la mezzo-soprano Claire Croiza, admirable « diseuse » de la mélodie française, et les cours d'opéra-comique de Pierre Chéreau. Un an après avoir décroché un premier prix de chant et un deuxième prix d'opéra-comique, Camille Maurane débute le 19 janvier 1940 à l'Opéra-Comique, à Paris, dans le rôle du Moine musicien du Jongleur de Notre-Dame de Massenet. Il y occupera des emplois de baryton Martin (voix légère, dotée d'un aigu facile, la plus proche de celle du ténor), et y triomphera dans le rôle-titre de Pelléas et Mélisande de Debussy (précisément écrit pour ce type de voix), qu'il incarnera aussi sur de nombreuses scènes, en France et à l'étranger, ainsi qu'en concert : il est « un Pelléas inoubliable dont le naturel et la beauté vocale sont encore, aujourd'hui, un modèle » (Michel Parouty).

Il incarne Moralès (Carmen de Bizet), Frederick (Lakmé de Léo Delibes), le Chansonnier (Louise de Gustave Charpentier), Albert (Werther de Massenet), Octave (Les Caprices de Marianne de Henri Sauguet), Pédrille (L'Enlèvement au sérail de Mozart), Marcel (La Bohème de Puccini), Yakuside (Madame Butterfly de Puccini), Sylvio (Paillasse de Leoncavallo), Maugiron (Le Roi malgré lui de Chabrier)... Il apparaît également dans de nombreuses opérettes. Mais Camille Maurane est avant tout concertiste, et son domaine d'élection est la mélodie française, dont il se fait l'ardent défenseur dans le monde entier. Il est l'un des plus grands interprètes du Requiem de Fauré, ce qui ne l'empêche pas de devenir un des premiers artisans du renouveau de l'interprétation de la musiquebaroque française, interprétant et enregistrant Marc Antoine Charpentier, Michel Richard Delalande, Louis-Nicolas Clérambault, André Campra (motet Exurge Domine), Esprit Antoine Blanchard (Te Deum), Jean-Philippe Rameau (Castor et Pollux, Les Indes galantes). Camille Maurane a participé aux créations des oratorios Saint-Germain d'Auxerre de Georges Migot (1948) et Chant pour une ville meurtrie de Henri Sauguet (1967), à celles de Ginevra de Marcel Delannoy (rôle de Doria, 1942), du Oui des jeunes filles de Reynaldo Hahn (un Jeune Homme, 1949), de Dolorès de Michel-Maurice Lévy (un Soldat, 1952). Il enseigne au Conservatoire national supérieur de musique de Paris de 1962 à 1981 ; parmi ses élèves figure le baryton Didier Henry.

Camille Maurane est le baryton français type, au timbre clair et au phrasé impeccable, dénué de toute affectation, respectant toutes les inflexions du texte : il « semblait ne pas „chanter“ mais donner sa juste substance musicale et sonore au texte, restitué dans une intelligibilité parfaite » (Renaud Machart). Camille Maurane meurt à Eaubonne (Val-d'Oise), le 21 janvier 2010.

Parmi ses enregistrements, il faut évidemment mentionner en premier lieu ceux de Pelléas et Mélisande, dont il laisse trois intégrales : avec l'Orchestre des Concerts Lamoureux sous la direction de Jean Fournet (en studio, avec Janine Micheau, Michel Roux, Xavier Depraz, Rita Gorr, 1953), de Désiré-Émile Inghelbrecht à la tête de l'Orchestre national de l'O.R.T.F. (sur le vif, en concert, avec Micheline Grancher, Françoise Ogéas, Jacques Mars, 1963), d'Ernest Ansermet à la tête de l'Orchestre de la Suisse Romande (avec Erna Spoorenberg, George London[...]

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Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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