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SAINT-SAËNS CAMILLE (1835-1921)

Saint-Saëns - crédits : Rischgitz/ Getty Images

Saint-Saëns

Camille Saint-Saëns fut l’un des musiciens les plus complets de son époque. Tout à la fois maître de l’écriture et de l’orchestration, pianiste et organiste virtuose, chef d’orchestre, épistolier, musicographe, il aura pratiqué tous les genres existants. Il s’est également signalé par ses curiosités multiples, notamment dans le domaine scientifique.

Né à Paris le 9 octobre 1835, orphelin de père dès ses premiers mois, élevé par sa mère et sa grand-tante, il se révèle enfant prodige, ayant l’oreille absolue et sachant les notes avant les lettres. Son premier professeur de piano est Camille-Marie Stamaty, qui l’oriente rapidement vers Pierre Maleden auprès duquel il apprend l’harmonie et le contrepoint. Il donne son premier concert avec orchestre à l’âge de onze ans. À quatorze ans, il entre au Conservatoire de Paris chez François Benoît en classe d’orgue et chez Fromental Halévy en composition. Il échouera pourtant à deux reprises au prix de Rome. En 1853, il est nommé à l’orgue de Saint-Merri, qu’il quitte pour l’église de la Madeleine en 1858. Ses talents d’improvisateur impressionnent Liszt, et une estime réciproque s’établit entre eux. De même, il suscite en tant que pianiste et déchiffreur l’admiration de Berlioz et de Wagner. Il pratiquera le piano toute sa vie, se produira abondamment comme concertiste et enseignera quelques années (1861-1865) à l’école Niedermeyer où Fauré, Messager, Gigout, entre autres vont compter parmi ses élèves.

Une affirmation de la musique française

Les deux premières décennies de sa carrière de compositeur, des années 1850 à la fin 1860, sont marquées par le succès de l’Ode à sainte Cécile (1852) couronnée par la Société Sainte-Cécile ; la même récompense salue la symphonieUrbs Roma (1857). Au cours de cette même période, il écrit sa Symphonie no 1 (1853) et son Concerto pour piano no 1 (1858), le premier d’une série de cinq qui font de lui le premier Français à pratiquer ce genre.

La mort de Berlioz en 1869 et la défaite face à l’Allemagne en 1870 vont amorcer un double tournant dans la musique française. En mars 1871, les événements de la Commune incitent Saint-Saëns à quitter provisoirement la France pour l’Angleterre, un pays où il séjourne fréquemment. En cette même année, il est l’un des principaux fondateurs, avec Romain Bussine, César Franck, Édouard Lalo, Henri Duparc et Gabriel Fauré, de la Société nationale de musique (SNM), dont la devise est « Ars gallica ». Née d’une réaction patriotique, elle se fixe pour but de promouvoir la nouvelle génération de compositeurs français et de constituer un répertoire d’œuvres instrumentales telles que la symphonie classico-romantique et la musique de chambre, typiques de la tradition allemande mais inexistantes dans la musique française. Fonctionnant en synergie avec la Société des compositeurs, la SNM a l’oreille favorable de l’Assemblée nationale.

Entre 1871 et 1876, Saint-Saëns écrit ses quatre poèmes symphoniques, les premiers en France, nés sous l’influence de Liszt quoique très différents d’esprit : Le Rouet d’Omphale (1871), Phaéton (1873), la Danse macabre (1874) et La Jeunesse d’Hercule (1876). Pièce concertante pour violon et orchestre, la Danse macabre, lui a valu une célébrité justifiée. À partir d’une mélodie du compositeur, l’œuvre est adaptée d’un poème de Henri Cazalis alias Jean Lahor, qui sert de programme : « Zig et zig et zag, la Mort en cadence/frappant une tombe avec son talon,/la Mort à minuit joue un air de danse,/ Zig et zig et zag sur son violon ». Après les douze coups de minuit, un rythme de valse s’installe, où passe une citation parodiée du Dies irae grégorien ; les pizzicati des cordes et le xylophone imitent les bruits d’ossements. Le chant du coq, au hautbois, marque la fin de la fête nocturne.

Les années 1870 sont[...]

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Écrit par

  • : docteur en musicologie, maître de conférences à l'université d'Évry, retraité

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Saint-Saëns - crédits : Rischgitz/ Getty Images

Saint-Saëns

<em>Samson et Dalila</em>, G. Moreau - crédits : Heritage Images/Fine Art Images/ Akg-images

Samson et Dalila, G. Moreau

<em>L’Assassinat du duc de Guise</em>, C. Le Bargy et A. Calmettes - crédits : Affiche de Maxime Desthomas, 1908 - Collection Fondation Pathé

L’Assassinat du duc de Guise, C. Le Bargy et A. Calmettes

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