SAINT-SAËNS CAMILLE (1835-1921)
Des fresques religieuses
En matière de musique religieuse, l’apport de Saint-Saëns est tout aussi considérable. Croyant dans sa jeunesse, devenu athée par la suite, il était conscient du rôle social et culturel de la religion. Après l’Ode à sainte Cécile, sa première œuvre religieuse importante est la Messe solennelle op. 4 (1857) créée à Saint-Merri, qui lui valut les louanges de Liszt. L’Oratorio de Noël op. 12 (1858) pour cinq solistes, chœur, cordes, harpe et orgue est contemporain de sa prise de service à la Madeleine, où il reste jusqu’en 1877, s’efforçant de faire connaître Bach, de restaurer le chant grégorien, et écrivant de nombreux motets et cantiques (Veni Creator, O Salutaris, plusieurs Ave Maria et Ave Verum). En 1865 vient le Psaume XVIII « Coeli enarrant » op. 42 pour neuf solistes, chœur, grand orchestre et orgue. Mais c’est avec l’oratorio Le Déluge op. 45 (1875), sur le « poème biblique » de Louis Gallet que le compositeur atteint son sommet dans le répertoire sacré. La partition rassemble quatre solistes, un chœur et un orchestre avec trois formations différentes. Après le Prélude, qui contient un splendide solo de violon souvent joué comme morceau de concert indépendant, la première partie Corruption de l’homme. Colère de Dieu. Alliance avec Noé est instrumentée pour cordes, harpe et timbales. Dans la seconde L’Arche. Le Déluge,le compositeur déploie un orchestre gigantesque, ajoutant aux cuivres une banda militaire et une percussion renforcée (cymbales, tam-tam, grosse caisse). La troisième partie La Colombe. Sortie de l’Arche. La Bénédiction de Dieu retrouve l’effectif orchestral habituel du xixe siècle. Construit sur des leitmotive à la manière d’un opéra, Le Déluge apparaît comme le pendant biblique de Samson et Dalila. En 1878, Saint-Saëns compose un Requiem à la mémoire de son ami Albert Libon, décédé en 1877, une partition grandiose et fervente, qui mérite sa place parmi les fresques analogues du xixe siècle.
Parmi ses œuvres vocales profanes se distinguent les cantates sur des poèmes de Victor Hugo, son auteur favori : La Lyre et la Harpe pour solistes, chœur et orchestre (1879), La Fiancée du timbalier pour soprano et orchestre (1887). Il écrit de nombreuses mélodies sur ses vers et, en 1881, il honore le poète par l’Hymne à Victor Hugo (« Gloire au maître »). Parmi ses autres mélodies, on retient les cycles Mélodies persanes (Armand Renaud, 1872) par la suite transformés en cantate (1891), La Cendre rouge (Georges Docquois, 1914). Lui-même possède des talents de versificateur (le recueil Rimes familières) et écrit aussi une petite comédie, La Crampe des écrivains.
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Écrit par
- André LISCHKE : docteur en musicologie, maître de conférences à l'université d'Évry, retraité
Classification
Médias
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