PAUL V, CAMILLO BORGHÈSE (1552-1621) pape (1605-1621)
Né le 17 septembre 1552 à Rome, mort le 28 janvier 1621 à Rome, Camillo Borghese est un brillant canoniste, qui a fait partie des émissaires de la curie romaine au royaume d'Espagne avant d'être nommé cardinal par le pape Clément VIII (1536-1605, pape 1592-1605) en 1596. En 1603, il devient vicaire de Rome puis est élu pour succéder au pape Léon XI (1535-1605, pape 1er avril 1605-27 avril 1605) le 16 mai 1605, alors que le royaume de Naples et la république de Venise sont en pleine violation des droits ecclésiastiques. Il est intronisé le 29 mai 1605.
L'une de ses premières décisions est l'excommunication du ministre récalcitrant de Naples en réprimande de la violation du privilegium fori – le droit des hommes d'Église à être jugés par un tribunal ecclésiastique et non un tribunal civil en matière pénale. En 1606, un conflit oppose Paul V à Venise au sujet de la juridiction papale et de l'immunité ecclésiastique au sein de la république, au cours duquel le célèbre théologien Paolo Sarpi (1552-1623) encourage les Vénitiens à résister à la censure. Le conflit atteint son paroxysme quand le pape frappe Venise d'interdit en mai 1606, entraînant un durcissement de la résistance emmenée par Sarpi. La crainte d'une rupture entre Rome et Venise et le spectre d'une guerre civile en Italie poussent les nations voisines à intervenir. Paul V est prêt à en venir aux armes, quand un compromis est trouvé le 21 avril 1607 grâce à la médiation des Français. Le pape lève l'interdit contre Venise et excommunie Sarpi, qui sera victime d'une tentative d'assassinat en octobre de la même année. Sarpi accuse la curie romaine d'en être l'instigatrice, ce que le pape condamne. Paul V prend conscience que l'effet politique des interdits papaux a fait son temps, et la papauté n'en prononcera plus jamais d'autres à l'encontre d'un État souverain.
Un peu plus tôt, le 22 septembre 1606, Paul V a interdit expressément à l'Église catholique romaine d'Angleterre de prêter le nouveau serment d'allégeance que lui impose le roi Jacques Ier (1566-1625, roi d'Angleterre 1603-1625). Échaudé par ses démêlés avec Venise, le pape fait montre d'une plus grande prudence politique et s'efforce de maintenir la paix entre la France et les Habsbourg. Il envisage un temps une nouvelle croisade contre les Turcs, qui n'aura finalement pas lieu. Paul V redoute tout particulièrement l'éventualité d'une violation de la paix d'Augsbourg, première base légale permanente régissant la coexistence du catholicisme et du luthérianisme en Allemagne. Aussi, quand en 1618 éclatent entre les protestants et les catholiques allemands les hostilités qui conduiront à la guerre de Trente Ans, Paul V s'abstient de soutenir les forces catholiques.
Il censure Galilée et met le traité de Copernic sur l'héliocentrisme à l'Index des livres interdits (Index librorum prohibitorum), mais se montre par ailleurs étonnamment antidogmatique en matière de doctrine. Il encourage les missions, notamment en Amérique latine, et confirme de nombreuses congrégations et confréries, telle la congrégation de l'oratoire de Saint Philippe Néri, société de prêtres séculiers dont il approuve la règle en 1613. Il admet également l'usage de la langue vernaculaire pour la liturgie pratiquée en Chine. Il fonde les Archives vaticanes, secrètes, afin de préserver les actes et documents du Saint-Siège. En 1612, il autorise une nouvelle version du Rituale romanum, un des livres liturgiques du rituel romain, qu'il promulgue le 17 avril 1614.
Paul V se rend néanmoins coupable de népotisme, étant à l'origine de la fortune extravagante de plusieurs membres de sa famille. Il favorise tout particulièrement son neveu, Marcantonio Borghese, qu'il fait prince[...]
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DE AUXILIIS CONGRÉGATIONS
- Écrit par Jean-Robert ARMOGATHE
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