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TORRES RESTREPO CAMILO (1929-1966)

Né à Bogotá, dans une famille de la grande bourgeoisie citadine, Camilo Torres fait des études de droit et collabore au journal La Razón. Ordonné prêtre en 1952, il étudie la sociologie à Louvain, où il est nommé vice-recteur pour l'Amérique latine. À Paris, il travaille un temps avec l'abbé Pierre, puis obtient sa licence de sociologie en 1958. Aumônier des étudiants à son retour à Bogotá, il crée la faculté de sociologie et entreprend diverses études sur les problèmes sociaux en Colombie ; il lance alors un mouvement d'universitaires et de membres des professions libérales pour le développement communal, ce qui lui vaut de participer à l'élaboration d'un projet de loi relatif à l'action communale.

Exclu de l'université pour avoir défendu deux étudiants communistes, Torres devient vicaire à Veracruz et crée plusieurs coopératives dans un quartier ouvrier de Bogotá. Tissant des liens avec les représentants de différents courants politiques, tous acquis à des réformes, il est amené à s'opposer de plus en plus au gouvernement et à la hiérarchie catholique. Il décide alors de se lancer ouvertement dans l'action politique et cherche à constituer un front regroupant l'ensemble des forces progressistes. Il rédige la Plate-forme pour un mouvement d'unité populaire, approuvée par une assemblée à Medellín le 12 mars 1965. L'accord qui s'est réalisé permet de créer un rassemblement du Front uni du peuple colombien que soutiennent le Parti social-démocrate chrétien, le Mouvement révolutionnaire libéral, l'avant-garde nationaliste révolutionnaire, le Parti marxiste-léniniste (pro-chinois), l'Alliance nationale populaire du général Rojas Pinilla et le Parti communiste. Ce rassemblement prône une ouverture commerciale avec tous les pays, l'établissement de nouvelles relations avec Cuba, le développement du mouvement coopératif, le rétablissement des libertés individuelles et publiques. Le Frente unido répond à l'attente des Colombiens qui attendaient un renouveau politique, mais se heurte à l'insuffisance de cadres politiques formés et à la répression gouvernementale ; des divergences se font jour au sein du Front. L'appel de Camilo Torres, lors des élections de mars 1964, en faveur d'une « abstention active, belligérante et révolutionnaire », entraîne la défection du Parti social-démocrate chrétien et du Mouvement révolutionnaire libéral ; le parti de Rojas Pinilla et le Parti communiste prennent également leurs distances.

En difficulté avec la hiérarchie, Torres demande, en juin 1964, sa réduction à l'état laïc. Mais jusqu'au bout il se considérera comme chrétien et comme prêtre. Il estime désormais nulles les chances de transformer la vie politique par la voie légale ; il prend contact avec les groupes armés formés par le P.C. ; mais ce dernier, pour lequel la guérilla n'est qu'un appui à l'action légale, ne tient guère à compter dans ses rangs une personnalité aussi prestigieuse. Torres rejoint alors l'Armée de libération nationale, d'orientation castriste, en octobre 1965.

Dans sa dernière allocution, en janvier 1966, il déclare « la lutte armée, la seule voie qui reste encore libre... pas un pas en arrière ! pour la liberté ou la mort ! » Celle-ci le prend le 15 février, au cours d'un accrochage avec l'armée. Dès lors, son nom devient, en Amérique latine, un symbole pour les jeunes prêtres et chrétiens contestataires.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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