ITALIE CAMPAGNES D' (1796-1797 et 1800)
Après la signature des traités de Bâle et de La Haye en 1795, la France n'a plus sur le Continent comme adversaire que l'Autriche. Devenu directeur, Carnot conçoit le projet de lancer trois armées sur Vienne : deux ont mission d'atteindre la capitale autrichienne par la vallée du Main et celle du Danube, la troisième doit passer par la vallée du Pô et les Alpes. Bien qu'elle soit confiée à un jeune général peu connu, Bonaparte, c'est cette troisième armée qui remportera les victoires décisives.
Formée de 36 000 hommes, elle se trouve réduite à un état de pénurie que la légende napoléonienne a amplifié ; aussi le but qui lui est assigné se limite-t-il à une manœuvre de diversion. Le retentissement de ses victoires dans l'opinion n'en est que plus considérable. L'ensemble des opérations désigné sous le nom de campagne d'Italie a duré un an, d'avril 1796 à avril 1797. Commencée à Cadibone, entre Nice et Gênes, la campagne s'est achevée à Leoben, à 130 kilomètres de Vienne.
Les premiers combats se déroulent dans la plaine supérieure du Pô. Bonaparte remporte les victoires de Montenotte (12 avr.) et Dego (14 avr.) sur les Autrichiens, Millesimo (13 avr.) sur les Sardes. Ceux-ci, désormais coupés des Autrichiens, sont écrasés à Mondovi (22 avr.) et doivent signer l'armistice de Cherasco. L'armée piémontaise éliminée, Bonaparte chasse les Autrichiens du Milanais et les bouscule sur l'Adda à Lodi (9 mai). Parme et Modène effrayées demandent la paix. La partie décisive se joue autour de Mantoue, place forte commandant les débouchés des vallées du Mincio et de l'Adige par où passaient les armées autrichiennes pour gagner l'Italie. Quatre armées sont envoyées pour débloquer Mantoue assiégée par Bonaparte : la première commandée par Wurmser est anéantie à Castiglione (5 août 1796), la deuxième à Bassano (8 sept.) ; une troisième armée confiée à Alvinzi est défaite à Arcole (15-17 nov.) ; le quatrième et dernier effort autrichien en janvier 1797 se termine par le désastre de Rivoli (14 janv.). Mantoue se rend à Bonaparte le 2 février. Aussitôt le pape Pie VI demande la paix et reconnaît à la France par le traité de Tolentino (17 févr. 1797) la possession d'Avignon et du comtat Venaissin. Bonaparte marche ensuite sur Vienne, forçant le passage de la Piave puis du Tagliamento. Les Autrichiens signent l'armistice le 18 avril. La paix de Campoformio met fin à la guerre.
La campagne d'Italie, fondée sur la rapidité des mouvements et la manœuvre débordante, permettant de compenser l'infériorité numérique des Français, a fait l'admiration des stratèges de l'époque, Clausewitz et Jomini. Il faut souligner, en outre, l'exploitation politique de ses victoires par Bonaparte. Avec le butin de guerre, il fonde des journaux comme Le Courrier de l'armée d'Italie ou La France vue de l'armée d'Italie. On y lit : « Bonaparte vole comme l'éclair et frappe comme la foudre. Il est partout et il voit tout. » L'image prolonge le caractère charismatique de cette propagande. Ramenés à Paris, tableaux et statues pris en Italie achèvent de convaincre l'opinion française de l'importance des victoires. Brumaire est déjà contenu dans la campagne d'Italie. Bonaparte n'envoie-t-il pas Augereau à Paris faire le coup d'État de fructidor ?
En 1800, Bonaparte, soucieux de frapper l'Autriche, dernier adversaire continental de la deuxième coalition contre la France, reprend le plan de Carnot. Cependant qu'une armée confiée à Moreau a mission d'intervenir sur le Rhin, le Premier consul passe en Italie, après avoir franchi dans des conditions difficiles le Grand-Saint-Bernard (mai 1800). Renouvelant sur la rive gauche du Pô la manœuvre effectuée en 1796 sur la rive droite,[...]
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Écrit par
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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Média
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