Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CAMPANIE

La Campania felix, célébrée par les écrivains latins, n'a que peu de rapports avec la Campanie actuelle, et les voyageurs du xviiie siècle qui allaient admirer les ruines de Pompéi ne songeaient certes pas aux solitudes pastorales du Matese ni même aux vertes vallées de l'Irpinia. La Campanie, c'était pour eux la plaine fertile qui s'étend de Capoue à Nocera, Naples et la zone côtière. Mais la province moderne (avec ses 13 595 km2) est bien plus vaste : elle va du Garigliano jusqu'aux Pouilles et englobe les hauteurs de l'Apennin méridional. Constituée sans tenir compte des critères géographiques et historiques, elle est l'association administrative de cinq provinces : celles d'Avellino, Salerne, Bénévent, Naples et Caserte.

Italie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Italie : carte administrative

Côte amalfitaine - crédits : Marco Bottigelli/ Moment/ Getty Images

Côte amalfitaine

Mais l'histoire importe plus que les caprices du cadastre. C'est la Campanie traditionnelle qui nous intéresse, et, même en la limitant ainsi, nous nous trouvons en face d'un monde très complexe : tête de pont de la colonisation grecque, elle est devenue, après le passage des Étrusques et des Samnites, l'image du raffinement de la société romaine. Au Moyen Âge, elle est le terrain d'expérience où se mesurent les civilisations de l'Orient et de l'Occident : Byzantins et Lombards, Souabes et Musulmans. Puis ce sont les Normands, les Angevins, les Aragonais, les Espagnols et les Bourbons. L'histoire de la province se confond avec celle de Naples, sa capitale. Des influences si profondes, des bouleversements si divers ont-ils pu donner une civilisation originale ?

Grecs et Étrusques

C'est en Campanie que les Grecs implantèrent pour la première fois leurs colonies sur le sol italien. Installés d'abord à Ischia (Pithécusses), ils s'établirent entre 750 et 725 avant J.-C. sur le rocher de Cumes, acropole naturelle à l'orée de la plaine campanienne. Comptoir de commerce, mais surtout colonie de peuplement, Cumes fonde Dicéarchée (Pouzzoles), Parthénopé, qui laissera bientôt la place à Neapolis (« nouvelle ville »), qui devient le centre politique de la région. La colline solitaire de Cumes garde peu de traces de sa grandeur passée (bases du temple d'Apollon, antre de la sibylle) ; déjà, sous les Romains, elle n'était plus que le lieu sacré des oracles, mais la légende et l'histoire se mêlent à une nature virgilienne pour en faire un pèlerinage plein de poésie.

À l'autre extrémité de la Campanie, vers le sud, Paestum, de fondation plus récente, ressuscite vraiment la Poseidonia des Grecs. Le mur d'enceinte qui court sur plus de quatre kilomètres et surtout les trois magnifiques temples en font l'ensemble grec le mieux conservé de l'Italie méridionale. Les métopes du Musée qui proviennent du sanctuaire d'Héra à Silaris ajoutent les prestiges de la sculpture à la grandeur de l'architecture. Enfin, découvertes en 1968, des fresques remarquables renouvellent notre connaissance de la peinture grecque en Italie.

Mais si les Grecs règnent sur la mer et les îles, dès le vie siècle les Étrusques se sont installés à l'intérieur des terres ; des fouilles plus récentes dans les régions de Santa Maria Capua Vetere (l'antique Capoue), Nola et Nocera ont apporté des précisions sur cette domination qui dura jusqu'à ce que, à la fin du ve siècle, les Samnites descendus des monts rétablissent le pouvoir des Italiques. Les déesses mères du musée de Capoue, statues de tuf grossier, symbole de la fécondité, expriment de façon primitive et puissante la vitalité et l'originalité des autochtones.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Médias

Italie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Italie : carte administrative

Côte amalfitaine - crédits : Marco Bottigelli/ Moment/ Getty Images

Côte amalfitaine

Herculanum - crédits : G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Herculanum

Autres références

  • BRONZES ANTIQUES

    • Écrit par
    • 5 573 mots
    • 7 médias
    En Italie, deux régions seulement ont eu une production importante, et aucune n'est réellement étudiée. La première est la Campanie, active au moins jusqu'à la fin du ier siècle de notre ère. Le classement des réserves du musée de Naples devrait permettre d'avoir enfin une vue d'ensemble...
  • CAPOUE

    • Écrit par
    • 412 mots

    Durant l'Antiquité, Capoue (Capua) était la ville principale de la région de Campanie, en Italie. Elle était située à 26 kilomètres au nord de Neapolis (Naples), sur le site de l'actuelle Santa Maria Capua Vetere. La ville moderne de Capoue, proche, était alors appelée Casilinum. L'antique...

  • DISSOLUTION DE LA LIGUE LATINE

    • Écrit par
    • 239 mots

    La dissolution de la Ligue latine marque la fin de la guerre des Latins contre Rome et aboutit à la mainmise définitive de cette dernière sur le Latium. Le conflit a pour origine l'expansion romaine dans le Latium et en Campanie (Rome s'est entendue à cette fin avec les Samnites, puissant...

  • GRÈCE ANTIQUE (Histoire) - La Grande-Grèce

    • Écrit par
    • 3 360 mots

    Le nom de Grande-Grèce apparaît pour la première fois dans l'œuvre de l'historien Polybe. Mais il est probable que les Grecs l'employèrent dès une époque plus ancienne pour désigner la partie méridionale de la péninsule italienne, où, depuis le milieu du viiie siècle, les...

  • Afficher les 9 références