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CANADA (R. Ford) Fiche de lecture

Publié en 2012 aux États-Unis, le roman Canada (trad. J. Kamoun, éditions de l’Olivier, 2013), de l’écrivain américain Richard Ford, a été couronné en France par le prix Femina étranger. Il a été salué des deux côtés de l’Atlantique par une critique unanime, séduite par la beauté de l’écriture, par la double voix de l’adulte et de l’adolescent qui s’y fait entendre, grâce à « cette faculté de l’art, aux antipodes de la vie réelle, qui fait du mélange une source de plaisir », confie l’auteur.

Richard Ford - crédits : Ulf Andersen/ Getty Images

Richard Ford

Né à Jackson, dans le Mississippi, le 16 février 1944, Richard Ford a fait ses études universitaires dans le Michigan. Après une existence souvent nomade qui l’a conduit du Montana à la Louisiane en passant par le Mexique, il réside dans le Maine, au bord de l’océan Atlantique. Il est l’auteur de sept romans et de trois recueils de nouvelles, ainsi que de deux élégies – à sa mère et à Raymond Carver –, couronné par le prix Pulitzer et le PEN/Faulkner Award pour Independance en 1996. Il enseigne à l’université Columbia de New York ; au programme de son cours de littérature, Emerson, Naipaul, Ruskin et les Préfaces de Henry James, tous grands classiques comme lui-même est en train de le devenir, travaillant avec patience sept jours sur sept, par périodes de six semaines suivies d’une pause. L’écriture de Canada a commencé il y a vingt-cinq ans, avec une vingtaine de pages mises de côté puis complétées au fil des ans par quatre cents notules qui s’organisèrent autour de deux données initiales : une adolescence et un pays refuge, le Canada.

La chute de la maison Parsons

L’apprentissage, avec ses défis et ses épreuves, tel apparaît chez Richard Ford le cœur de toute une vie. Dell Parsons, seize ans en 1960, passionné d’abeilles et d’échecs, est le point de départ et le pivot du roman. Un point mobile dans l’espace puisqu’il change d’attaches et de pays avec les fragiles rudiments d’un petit d’homme qui, devenu professeur au Canada, fait ressurgir de sa mémoire, quelque cinquante ans plus tard, des souvenirs précis. Au début, il y a Great Falls, dans le Montana, où les parents Parsons sont en fin de course, une situation qui n’est pas sans rappeler Le Bout du rouleau (1981). Le père, Bev Parsons, démobilisé de l’armée de l’Air, vit d’expédients, dont un trafic de viande avec les Amérindiens. La mère, Neeva, juive et plus intellectuelle, tient sa chronique intime et veille à tenir à l’écart ses jumeaux du reste du monde. Un couple mal assorti, dans un cul-de-sac, et tout peut naître de leur sourde désespérance. Tout arrive en effet, d’abord des petits faits et bientôt l’engrenage avec le projet insensé de braquer une banque à visage découvert, dans le Dakota voisin. Suit le funeste cortège de l’arrestation, de la prison et de l’éclatement d’une famille. La sœur jumelle de Dell, Berner, quitte brusquement la maison pour vivre sa vie. La chute de la maison Parsons fait l’objet de la première partie du roman, tout entier contenu dans l’ouverture : « D’abord, je vais raconter le hold-up que nos parents ont commis. Ensuite, les meurtres qui se sont commis plus tard. C’est le hold-up qui compte le plus, car il a eu pour effet d’infléchir le cours de nos vies, à ma sœur et à moi. Rien ne serait compréhensible si je ne le racontais pas d’abord. » De l’aveu même de Ford, ces premières phrases lui ont demandé un mois pour tomber juste et prendre leur forme définitive : un travail d’orfèvre pesant au trébuchet le choix des rythmes et des mots.

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Richard Ford - crédits : Ulf Andersen/ Getty Images

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