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CANADA, économie

Capitale Ottawa
Population 40 097 761 habitants (2023)
    Produit intérieur brut par habitant (PIB par hab.) 53 431 $ (2023)

      Article modifié le

      Structure centre-périphérie

      Dans Geography and Trade (1991), Krugman prend l’exemple du Canada pour illustrer son modèle centre-périphérie, une des contributions fondamentales à la nouvelle économie géographique. Avec le développement industriel, la politique économique nationale, initiée par le Premier ministre John A. Macdonald en 1878, allait façonner la structure centre-périphérie de l’économie du Canada. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements canadiens qui se sont succédé ont imposé des droits de douane élevés afin de protéger le secteur manufacturier naissant de la concurrence américaine. Ces taxes octroyaient un avantage concurrentiel aux biens manufacturés canadiens sur le marché national. La production manufacturière allait se concentrer au centre économique du pays afin de minimiser les coûts de transport et de profiter du bassin de main-d’œuvre, dans la vallée du Saint-Laurent et au sud de l’Ontario près des voies navigables et des réseaux routiers et ferroviaires émergents. La construction du chemin de fer transcontinental du Canadien Pacifique à la fin du xixe siècle allait fortement stimuler le commerce intérieur. Les wagons quittaient le centre manufacturier chargés de produits industriels et revenaient remplis de produits agricoles et de matières premières.

      Le cœur industriel

      Les deux guerres mondiales accélèrent la concentration de la production industrielle dans le cœur économique du pays, sur l’axe Québec-Montréal-Ottawa-Toronto-Windsor et dans l’extrême sud des provinces du Québec et de l’Ontario. Le Canada devient un important producteur de véhicules automobiles durant la Première Guerre mondiale. Profitant de sa proximité avec Detroit, l’industrie s’établit dans la région de Windsor avec des filiales canadiennes des « trois grands », Ford, Chrysler et General Motors. Loin des bombardements et de la menace des sous-marins allemands, le tissu industriel du cœur économique se diversifie durant la Seconde Guerre mondiale grâce à une production variée de matériel militaire, camions, blindés, canons et fusils, navires et avions destinés aux forces armées canadiennes, britanniques et américaines. Les industries de l’acier et de l’aluminium connaissent un essor rapide. L’industrie se convertit ensuite à la production civile. Certaines usines ferment leurs portes, mais la structure industrielle demeure concentrée dans l’axe Québec-Windsor. En 1959, l’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent permet de naviguer depuis l’océan Atlantique jusqu’au lac Supérieur.

      La structure cœur-périphérie s’est modifiée avec la transformation des économies modernes vers le secteur des services, qui fournit près de 80 p. 100 des emplois au Canada, en cela comparable à la majeure partie des pays développés. En périphérie, l’exploitation des ressources naturelles et les activités connexes demeurent les activités économiques de base. S’y greffent des emplois dans le secteur tertiaire : santé, éducation, commerce, finance et services publics dispensés à la population locale.

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      L’axe Québec-Windsor abrite toujours la majorité des industries manufacturières (automobiles, aéronautiques, pharmaceutiques, haute technologie) et les bureaux d’affaires nationaux de la finance et du commerce (autour de Toronto et de Montréal), ainsi que la capitale fédérale, Ottawa. Le sud du Québec et de l’Ontario comptait en 2016 20 millions d’habitants, soit 57 p. 100 de la population canadienne.

      Le système bancaire

      Le système bancaire canadien a aussi contribué au maintien de la structure cœur-périphérie de l’économie. Contrairement aux États-Unis, où la loi interdit à des banques d’avoir des succursales, le Canada s’est pourvu d’un système bancaire de type britannique, à l’époque du Haut- et du Bas-Canada (1791-1841), caractérisé par quelques grandes banques dotées de nombreuses succursales dans toutes les provinces. L’épargne pouvait donc être canalisée des régions périphériques en surplus vers le cœur économique en pleine expansion à l’ère de la révolution industrielle.

      Les sièges nationaux des grandes banques canadiennes sont initialement établis à Toronto, Montréal et Halifax. Ils se déplaceront de Halifax vers Montréal au début du xxe siècle, et de Montréal vers Toronto dans les années 1970, alors que le nationalisme se développe au Québec et que le français devient la principale langue de travail au Québec. Les cinq plus grandes banques, à savoir la Banque royale du Canada, la Banque Scotia, la Banque Toronto-Dominion, la Banque de Montréal et la Banque canadienne impériale de commerce, comptent chacune environ 1 000 succursales et leurs actifs totalisent plus de 80 p. 100 de ceux de l’ensemble du système bancaire canadien.

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      Un système bancaire parallèle s’est développé au Québec à partir du milieu du xixe siècle. La Banque nationale du Canada, la sixième banque en importance au pays, comprend aujourd’hui plus de 400 succursales et ses activités sont concentrées au Québec. Sous l’égide d’Alphonse Desjardins, les Caisses populaires naissent en 1900 à Lévis afin de canaliser l’épargne des Canadiens français et de leur donner accès au crédit. Aujourd’hui, le Mouvement Desjardins compte plus de 1 000 coopératives de crédit au Québec et dans l’Ontario francophone.

      Les grands centres

      L’agglomération urbaine de Toronto est la mégalopole du Canada. Elle comptait près de 6 millions d’habitants en 2016. La région du Grand Toronto dépasse 9 millions d’habitants, soit 25 p. 100 de la population canadienne. C’est une ville cosmopolite dont plus d’un habitant sur deux en 2018 est né à l’extérieur du pays.

      Toronto, premier centre financier et commercial du Canada, abrite le siège d’importantes sociétés canadiennes et multinationales. Concentré autour de Bay Street, son secteur financier, comprenant la Bourse de Toronto et les bureaux d’affaires principaux des cinq plus grandes banques canadiennes, est le deuxième en importance en Amérique du Nord après New York, selon le Global Financial Centres Index.

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      La région de Toronto constitue également le plus grand centre manufacturier du Canada. Elle abrite de nombreuses universités, dont la prestigieuse université de Toronto et ses trois campus, et un secteur de la haute technologie florissant. En outre, Toronto est le foyer de l’industrie culturelle du Canada anglais.

      Montréal est la deuxième agglomération urbaine du Canada avec plus de 4 millions d’habitants en 2016. Elle est le deuxième centre financier du pays avec la Bourse de Montréal, les sièges sociaux du Mouvement Desjardins et de la Banque nationale du Canada et la Caisse de dépôt et placement du Québec. La région de Montréal abrite de nombreuses universités et entreprises de haute technologie, pharmaceutiques et aéronautiques. Montréal est également le foyer culturel du Canada français.

      Située de part et d’autre de la rivière des Outaouais, frontière naturelle entre le Québec et l’Ontario, l’agglomération métropolitaine d’Ottawa-Gatineau comptait plus de 1,3 million d’habitants en 2016. Ottawa, la capitale fédérale, est le siège de l’administration fédérale. Abritant le Conseil national de recherches, la région est l’un des principaux centres canadiens des entreprises de haute technologie.

      Les ressources naturelles au Québec et en Ontario

      Grâce à ses terres fertiles, la plaine du Saint-Laurent et du sud de l’Ontario jouit d’un secteur agroalimentaire dynamique. L’activité agricole intensive est surtout orientée vers la production de fruits et légumes, l’élevage de bovins et de porcs ainsi que la production laitière. En 2016, le Québec à lui seul réalisait les deux tiers de la production mondiale de sirop d’érable.

      Les régions périphériques du Québec et de l’Ontario, au nord et à l’est de l’axe Québec-Windsor, comptaient près de 1,6 million d’habitants au recensement de 2016, dispersés sur un large territoire. L’économie repose sur l’industrie forestière, les pâtes et papier, les mines et la première transformation des métaux. La production minière est surtout constituée de métaux dont les plus importants sont le fer, le nickel, l’or, le cuivre, le platine et le titane. Grâce à une abondante hydroélectricité, le Québec est le troisième producteur mondial d’aluminium.

      Survol des régions en périphérie

      Les provinces de l’Atlantique

      Le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador comptaient pour 6,7 p. 100 de la population et 6 p. 100 seulement du PIB canadien en 2016. Historiquement, le revenu par habitant et la productivité de la main-d’œuvre de ces provinces ont toujours été inférieurs aux niveaux canadiens. Les écarts de revenu et de productivité avec le reste du Canada se sont réduits depuis 1950 (Coulombe et Lee, 1995).

      L’économie des provinces de l’Atlantique, auxquelles on peut ajouter l’est du Québec, a longtemps reposé sur la pêche et la construction de bateaux en bois. La pêche commerciale de la morue sur les Grands Bancs de Terre-Neuve par l’Angleterre, la France, le Portugal et l’Espagne remonte au xve siècle. Le progrès technique et l’absence de contrôle sur la pêche hauturière ont entraîné un effondrement des stocks de morue au début des années 1990. Le gouvernement fédéral a introduit un moratoire en 1992, mettant ainsi un terme à cette activité commerciale, ce qui a provoqué la perte d’emploi de 30 000 Terre-Neuviens. L’activité économique de plusieurs centaines de villages côtiers dépend encore, au moins en partie, de la pêche de poissons, mollusques et fruits de mer.

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      Le développement industriel de la région de l’Atlantique a souffert de l’étroitesse du marché local avec la dispersion de sa population le long des côtes et l’absence de grands centres urbains, son éloignement des marchés de la région centrale du Canada et de l’Est américain ainsi que la baisse de l’importance relative du transport maritime dans la deuxième partie du xixe siècle. Halifax a également perdu les sièges sociaux de la Banque royale du Canada et de la Banque de Nouvelle-Écosse (aujourd’hui la Banque Scotia) au début du xxe siècle au profit de Montréal. Beaucoup de jeunes ont quitté les provinces de l’Atlantique pour chercher un avenir meilleur dans les régions prospères du Canada. Cependant, l’économie de Terre-Neuve-et-Labrador a été dynamisée par l’exploration pétrolière extracôtière dans les années 1990 et le début de l’exploitation de la plate-forme Hibernia en 1997.

      Les Prairies

      La culture du blé et l’élevage ont été au cœur du développement économique des provinces des Prairies, le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta, depuis les années 1870. Le Canada est encore aujourd’hui l’un des plus grands exportateurs de blé. L’élevage bovin est très important en Alberta. La Saskatchewan réalisait près de 30 p. 100 de la production mondiale de potasse en 2014. Depuis les années 1950, l’économie de l’Alberta, et dans une moindre mesure celle de la Saskatchewan, se développent au rythme de l’industrie pétrolière et gazière.

      Le Canada est la seule fédération du monde où les ressources naturelles sont la propriété exclusive des provinces. Plusieurs Canadiens ont décidé de travailler en Alberta afin de profiter des revenus élevés et des faibles taux d’imposition provinciaux (l’Alberta est l’unique province canadienne qui n’impose pas de taxe sur la vente de produits et services). Avec Calgary et Edmonton, l’Alberta compte les deux plus grands centres urbains des Prairies, qui comptaient chacun plus de 1,3 million d’habitants en 2016. Centres de services pour le secteur énergétique, ces deux villes sont également dotées d’importantes universités. Les sièges sociaux et les services de l’industrie pétrolière et gazière sont surtout concentrés à Calgary. La capitale, Edmonton, regroupe les services gouvernementaux provinciaux.

      La Colombie-Britannique

      La majorité de la population vit à l’extrême sud-ouest de la province, sur la côte du Pacifique, où l’on trouve la troisième agglomération urbaine du Canada, Vancouver, comptant près de 2,5 millions d’habitants en 2016, et la capitale provinciale, Victoria, située sur l’île de Vancouver. La région de Vancouver jouit d’un climat tempéré agréable et d’un hiver doux, ainsi que d’un niveau de vie supérieur à la moyenne canadienne.

      Depuis la traite des fourrures et les ruées vers l’or du xixe siècle, l’économie de la Colombie-Britannique s’est développée au rythme du port de Vancouver, le premier port canadien et le plus important port d’exportation international d’Amérique du Nord. La Colombie-Britannique a grandement profité de la création de liens commerciaux avec des régions dynamiques du Pacifique, comme la côte ouest américaine tout au long du xxe siècle et l’Asie dans les dernières décennies. La région de Vancouver est une destination prisée par les immigrants d’origine asiatique. Le flux migratoire s’est accéléré vers la fin des années 1990 avec la rétrocession de Hong Kong à la Chine, ce qui a accentué la flambée des prix du marché immobilier. Vancouver est un grand centre commercial, financier et universitaire. Plusieurs compagnies forestières et minières y ont leur siège social.

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      Une grande partie du territoire de la Colombie-Britannique est constituée de chaînes de montagnes. En dehors de la région de Vancouver, l’activité économique repose sur l’industrie forestière, les mines, le pétrole, le gaz naturel, l’hydroélectricité ainsi que la pêche industrielle et la transformation de ses prises sur la côte. Le tourisme, qui s’appuie principalement sur les sports de plein air, hiver comme été, est l’une des plus importantes activités économiques des régions montagneuses de la Colombie-Britannique et de l’ouest de l’Alberta.

      Les territoires du Nord canadien

      Le vaste ensemble du Nord canadien (Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut) est très peu peuplé (133 000 habitants en 2016). L’exploitation de ses importantes ressources minières, pétrolières et gazières est freinée par la rigueur du climat et le coût élevé du transport. Les administrations des trois territoires sont fortement subventionnées par le gouvernement fédéral. Elles recevaient en moyenne plus de 30 000 dollars par habitant par année en 2018, soit plus de dix fois les montants moyens reçus par les provinces.

      Les peuples autochtones

      Arrivés il y a plus de 15 000 ans au Canada, les peuples autochtones, Premières Nations, Inuits et Métis, vivent toujours sur l’ensemble du territoire canadien. Les Inuits représentaient plus de 80 p. 100 de la population du Nunavut en 2016. La population autochtone est en forte croissance, passant de 3,8 p. 100 à 4,9 p. 100 de la population totale entre les recensements de 2006 et 2016. Selon Statistique Canada, cette augmentation est imputable à la croissance naturelle (forte natalité et hausse de l’espérance de vie) et au fait qu’une plus grande proportion de personnes se sont déclarées autochtones lors des recensements. Plus de la moitié de la population autochtone vit aujourd’hui dans les villes. Les principaux indicateurs économiques, comme ceux portant sur la scolarité, le revenu, le taux d’emploi, le taux de chômage, la salubrité des logements, la santé et le taux de suicide, montrent que le niveau de vie des peuples autochtones est inférieur à la moyenne nationale.

      Le secteur énergétique

      Le Canada est un grand producteur et exportateur de ressources énergétiques, comme le pétrole, le gaz naturel et l’hydroélectricité. Depuis le début du xxie siècle, l’expansion du secteur pétrolier est le fait saillant de l’économie du pays.

      Le Canada est le quatrième producteur et exportateur mondial de pétrole et dispose de la troisième plus importante réserve. Près de 96 p. 100 des réserves canadiennes proviennent des sables bitumineux, que l’on retrouve principalement au nord-est de l’Alberta, dans les régions de l’Athabasca, de Cold Lake et de Rivière-la-Paix. Le secteur des services à l’industrie des sables bitumineux est situé à Fort McMurray. Le pétrole est extrait au large de Terre-Neuve-et-Labrador, sur des gisements extracôtiers, depuis 1997.

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      C’est en Alberta que l’industrie pétrolière canadienne a commencé à se développer au début du xxe siècle, et la production du puits Leduc no 1 remonte à 1947. La production du pétrole bitumineux a débuté en 1967 mais a vraiment connu son essor au xxie siècle grâce au progrès technique et à la baisse concomitante des coûts du processus complexe d’extraction. Si la production du pétrole conventionnel a dominé l’industrie pétrolière canadienne au siècle dernier, le pétrole bitumineux, dont l’extraction soulève d’importants problèmes environnementaux, représentait en 2018 près des deux tiers de la production nationale.

      Comme l’Alberta n’a pas d’accès à la mer, l’exportation de son pétrole doit passer par le territoire de ses voisins canadiens et américains. L’éloignement de l’industrie de raffinage (Texas, est du Canada) et les dangers environnementaux liés au transport ferroviaire ou par pipelines freinent les capacités d’exportation du brut albertain.

      Le Canada est le quatrième producteur mondial de gaz naturel. Au total, 98 p. 100 de la production provient de l’Alberta et de la Colombie-Britannique. Comme ces deux provinces sont éloignées du centre du pays, le marché du gaz canadien est fortement intégré à celui des États-Unis.

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      En 2018, le Canada était le troisième producteur mondial d’hydroélectricité. Près de 50 p. 100 de la production provient du Québec, suivi de la Colombie-Britannique, de l’Ontario, de Terre-Neuve-et-Labrador et du Manitoba.

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      Écrit par

      • : professeur émérite de sciences économiques à l'université d'Ottawa, Ontario (Canada)

      Classification

      Autres références

      • PALÉOESQUIMAU

        • Écrit par
        • 68 mots

        Le terme paléoesquimaux désigne toutes les populations préhistoriques établies de la rive sibérienne du détroit de Béring au Groenland, en passant par l'Arctique nord-américain, qui manifestent un mode de vie de type esquimau. Elles ont disparu peu après l'arrivée d'immigrants venus d'...

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