CANADA Histoire et politique
Nom officiel | Canada (CA) |
Chef de l'État | Le roi Charles III (Royaume-Uni), représenté par la gouverneure générale Mary Simon (depuis le 26 juillet 2021) |
Chef du gouvernement | Justin Trudeau (depuis le 4 novembre 2015) |
Capitale | Ottawa |
Langues officielles | Anglais, français |
La conquête anglaise
La France et les Franco-Canadiens avaient dû s'incliner devant la puissance de leurs ennemis. Après une lutte impitoyable de plus de soixante-dix ans, les Anglo-Américains triomphaient. Le traité de Paris (1763) élimina la France de l'Amérique du Nord (elle ne conservait que l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon à l'entrée du golfe du Saint-Laurent) et y consacra la domination britannique.
Les partisans de l'expansionnisme anglo-saxon entendaient profiter de leur victoire. Aux treize colonies de la côte atlantique et à la Nouvelle-Écosse (l'ancienne Acadie acquise en 1713), viendrait se joindre une quinzième colonie, celle de la vallée du Saint-Laurent, appelée à se peupler de loyaux sujets britanniques anglophones et protestants. Ce programme audacieux de colonisation supposait que les Franco-Canadiens seraient submergés en moins de deux générations par des milliers d'immigrants britanniques qui les auraient finalement intégrés. Dans les colonies de New York et du New Jersey, les colons anglais n'avaient-ils pas assimilé les Hollandais et les Suédois qui avaient d'abord habité ces territoires et y avaient formé des collectivités distinctes, disparues en moins de cent ans ?
De leur côté, les Franco-Canadiens n'avaient pas l'intention de quitter la vallée du Saint-Laurent. Ils considéraient celle-ci comme leur patrie. En apprenant que le sort des armes leur avait donné un nouveau souverain, la plupart d'entre eux se montrèrent prêts à transférer leur allégeance de Louis XV, dont ils jugeaient sévèrement la conduite, à George III de Grande-Bretagne. Les Canadiens de la classe dirigeante, qui refusèrent de se soumettre aux conquérants, émigrèrent. Ils avaient pressenti que leur avenir personnel était compromis dans une colonie où les principales voies de promotion sociale seraient dorénavant occupées par les Britanniques. Les anciens administrateurs savaient bien qui leur succéderait. Les principaux hommes d'affaires comprirent que leurs entreprises ne pourraient pas prospérer à l'intérieur du système commercial britannique. Les commerçants anglais, bénéficiant de relations utiles dans les autres colonies britanniques et en Grande-Bretagne et pouvant compter sur les protections officielles, étaient mieux placés qu'eux. Plusieurs de ces émigrants, il est vrai, durent retourner en France pour y rendre compte de leur administration et de leurs fortunes scandaleuses. Il ne faut cependant pas imaginer que tous ceux qui quittèrent le Canada appartenaient au groupe des fonctionnaires et des commerçants coupables de concussion. La majorité se composait de familles honorables, qui refusaient l'occupation étrangère et désiraient rester françaises. Deux mille Canadiens au moins abandonnèrent leur pays natal entre 1760 et 1770.
Peut-on parler de décapitation sociale ? S'appuyant sur le fait que l'émigration des classes dirigeantes n'a pas été massive, certains historiens soutiennent que la société canadienne a conservé ses cadres. Mais quel a été le sort des anciens dirigeants demeurés au Canada ? Leur déchéance, inévitable dans une colonie conquise où se constitua une nouvelle équipe d'administrateurs et d'entrepreneurs d'origine britannique, demeure le phénomène le plus frappant de la première génération après la Conquête. La société canadienne n'offrait plus à ses membres les plus ambitieux et les plus dynamiques l'occasion ni les moyens de s'illustrer dans les différents domaines de la vie collective. À l'époque coloniale française, aucune carrière n'était fermée aux Canadiens. L'empire français comptait sur chacun pour se maintenir et prospérer. Sous la domination britannique, la situation fut bien différente. L'administration, l'armée, la marine, le commerce extérieur[...]
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Écrit par
- Michel BRUNET : professeur à la faculté des arts et des sciences, université de Montréal, membre à titre d'associé étranger de l'Académie des sciences d'outre-mer de France
- Alain NOËL : professeur titulaire, département de science politique, université de Montréal, Québec (Canada)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
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