CANCER Cancer et santé publique
Incidence des cancers
Le cancer n'est pas une maladie récente. On trouve des stigmates de cancers osseux sur les momies égyptiennes ou précolombiennes, le cancer du sein est décrit dans des papyrus égyptiens vieux de quatre mille ans, et le nom de cancer a été donné aux tumeurs malignes par Hippocrate il y a deux mille cinq cents ans. Comme le cancer est une maladie dont la fréquence croît rapidement avec l'âge (fig. 2), la proportion des décès par cancer est restée très faible tant que l'espérance de vie était courte, c'est-à-dire jusqu'à la fin du xviiie siècle.
Les succès remportés sur les maladies infectieuses et cardio-vasculaires ont eu pour conséquence un accroissement continu et spectaculaire de l'espérance de vie, qui est passée de 35 ans en 1830 à 45 ans en 1900 et 80 ans en 2002. Celle-ci continue à croître au rythme prodigieux de trois mois par an. Comme l'incidence des cancers s'accroît rapidement à partir de 45 ans, il n'est pas surprenant qu'elle ait augmenté rapidement depuis le début du xxe siècle. La variation, ces dernières décennies, du nombre de nouveaux cas survenant chaque année et de la mortalité par cancer (nombre de décès où le cancer est indiqué sur le certificat de décès comme étant la cause) a été importante (tabl. 1). Elle est principalement due au vieillissement de la population, c'est pourquoi dans les comparaisons, on effectue ce que l'on appelle une standardisation pour l'âge afin de supprimer l'impact de ce facteur (ce qui permet de comparer des populations ayant la même structure d'âge).
Le cancer causait en France moins de 10 p. 100 des décès annuels au début du xxe siècle, 20 p. 100 en 1975, plus de 25 p. 100 aujourd'hui, soit environ cent cinquante mille décès. Ce pourcentage augmentera encore en raison des succès remportés dans la prévention et le traitement des maladies cardio-vasculaires. Chez les hommes, le cancer est la première cause de mortalité et il l'est devenu chez les femmes entre 25 et 65 ans (tabl. 2).
Le suivi de l'incidence est effectué à partir des neuf registres départementaux « généraux » et des six spécialisés, par exemple gastro-entérologie en Côte-d'Or. En extrapolant (des 15 p. 100 de la population ainsi recensée) à l'effectif national, on constate un accroissement notable de l'incidence + 63 p. 100 entre 1978 et 2000 à âge constant. Celui-ci est lié à trois facteurs : une augmentation réelle de l'incidence de quelques types de cancer, l'efficacité croissante des méthodes de diagnostic et le dépistage. Par exemple, l'incidence des tumeurs cérébrales a fortement augmenté chez le jeune enfant et le vieillard parce que le scanner, et surtout l'I.R.M., diagnostiquent des tumeurs qui seraient restées méconnues à l'époque où il fallait faire une angiographie pour les détecter et où l'on hésitait a effectuer cet examen, non dénué de risques. De plus, l'utilisation pour le dépistage de méthodes très sensibles, par exemple la mammographie pour le cancer du sein, l'échographie pour le cancer de la thyroïde, le dosage du PSA pour le cancer de la prostate, permettent de diagnostiquer de très petites tumeurs (quelques millimètres de diamètre). Or, parmi celles-ci, certaines n'évoluent que très lentement et peuvent même se stabiliser ou régresser comme le montrent les travaux sur les neuroblastomes. Ces tumeurs de l'enfant sécrètent des catécholamines dont les métabolites sont excrétés dans le sang, ce qui permet le diagnostic de très petites formations. Toutefois, le dépistage et le traitement de ces tumeurs chez le nourrisson n'ont pas réduit le nombre de décès par neuroblastomes. Ce résultat négatif est dû à ce que la plupart des neuroblastomes détectés régressent spontanément, tandis que les formes plus malignes résistent[...]
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Écrit par
- Maurice TUBIANA : professeur émérite de la faculté de médecine de Paris-Sud
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