CANCER Cancer et santé publique
La clinique en cancérologie
Nous savons depuis au moins trois décennies qu'il existe dans une tumeur expérimentale des cellules dites clonogènes, car chez l'animal une seule cellule de ce type greffée peut donner naissance à un clone, puis à une tumeur. On savait que ces cellules ont un rythme de prolifération et un cycle cellulaire différents des autres cellules qui constituent la grande masse de la tumeur. On a montré, depuis quelques années, l'existence de ce type de cellules dans plusieurs variétés de tumeurs humaines, par exemple les tumeurs du sein. Cette constatation a des implications importantes car ce sont les cellules souches qui doivent être la cible des traitements puisque c'est de leur destruction totale que dépend la guérison. Leur rythme de prolifération conditionne la repopulation pendant ou après traitement et donc la chronologie du traitement fractionné.
Histoire naturelle des cancers
On distingue quatre phases dans le développement du processus de cancérisation.
– Des lésions précancéreuses existent pour un grand nombre de cancers, mais ce n'est que pour les cancers du col de l'utérus, du colon et des voies aérodigestives supérieures que l'on a tenté, par le dépistage systématique et le traitement des lésions précancéreuses, de réduire la fréquence des cancers.
– La tumeur invasive localisée est née à partir d'une cellule qui de précancéreuse est devenue cancéreuse ; ayant grossi progressivement, elle peut s'infiltrer dans les tissus voisins et dissémine ensuite à distance par voie lymphatique ou sanguine.
– L'envahissement des ganglions lymphatiques satellites survient quand des cellules tumorales ont acquis la propriété de migrer le long des vaisseaux lymphatiques et de donner naissance à des colonies dans les ganglions. L'acquisition de ces propriétés précède généralement celle de la capacité de dissémination par voie sanguine. Seules des cellules souches ayant un grand potentiel reproductif (ou leur équivalent) peuvent donner naissance à une métastase dans un ganglion lymphatique ou un autre tissu. Ces cellules souches sont en très petit nombre par rapport aux cellules tumorales plus matures dont la capacité de prolifération est limitée (comme dans les tissus sains). Il semble que le nombre des cellules souches tumorales varie peu au cours de la croissance tumorale. En effet, les études effectuées sur le cancer du sein montrent que la probabilité de dissémination métastatique n'augmente pas avec la taille de la tumeur, ce qui suggère une faible variation du pool de cellules souches.
– La naissance d'une métastase par voie sanguine implique que des cellules tumorales ont été capables de franchir les limites de la tumeur, d'atteindre un vaisseau sanguin, d'y pénétrer, puis de quitter celui-ci en franchissant en sens inverse la paroi vasculaire, de se fixer dans les tissus étrangers et de s'y multiplier. Cette dissémination métastatique comporte donc une étape supplémentaire à celle de la propagation lymphatique. Il faut remarquer que cette propriété d'entrer et de sortir des vaisseaux sanguins s'observe pour les différentes catégories de globules blancs du sang (lymphocytes, granulocytes, etc.). Les cellules tumorales ont acquis cette propriété et de plus sont capables de se multiplier de façon autonome dans un tissu qui n'est pas le leur. Des recherches de biologie moléculaire ont, actuellement, pour but d'identifier les altérations du génome liées à ces propriétés et aux écarts dans le rythme de dissémination.
Diagnostic et symptômes
L'histoire naturelle des tumeurs explique l'intérêt d'un diagnostic précoce afin de réduire la probabilité de dissémination métastatique car plus la tumeur est petite, plus les chances de guérison définitive, après un traitement locorégional, sont grandes.[...]
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Écrit par
- Maurice TUBIANA : professeur émérite de la faculté de médecine de Paris-Sud
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