CANCER Cancer et santé publique
Les modalités du traitement
Les effets indésirables
Quand les progrès escomptés de ces traitements sont limités, il faut utiliser des critères très rigoureux pour évaluer leurs bénéfices et leur coût (complications). Depuis les années 1960, on avance lentement, mais l'addition de chacun des progrès accomplis a un effet considérable. Inversement, les inconvénients de ces nouvelles méthodes peuvent ne pas être négligeables : le traitement est plus long, il est souvent mal toléré. Par exemple, les agents cytotoxiques provoquent des complications immédiates (nausées, vomissements, perte de poids, chute des cheveux) et ultérieures (stérilité notamment, car les organes sexuels de reproduction, tels les testicules ou les ovaires, sont très vulnérables), mais le risque le plus considérable des traitements agressifs est celui de seconds cancers. Les rayonnements ionisants et la plupart des cytotoxiques peuvent provoquer l'apparition de cancers dans les tissus sains (leucémies, sarcomes, épithélioma). Ces cancers n'apparaissent qu'après des délais assez longs. Leur impact est donc limité chez les sujets âgés ou pour les cancers de mauvais pronostic. Ils sont, par contre, redoutés chez les sujets jeunes ayant des cancers fréquemment curables (par exemple, maladie de Hodgkin). Il faut dans ce cas choisir la stratégie thérapeutique en fonction de ce risque : limiter la masse de tissu sain irradiée, limiter les doses de rayonnement et d'agents cytotoxiques, remplacer les agents très cancérogènes par d'autres qui le sont moins (par exemple, pour la maladie de Hodgkin, le MOPP par l'ABVD). Une voie de recherche importante consiste donc à évaluer le potentiel cancérogène des divers cytotoxiques pour en trouver d'aussi efficaces avec un moindre potentiel cancérogène. Au fur et à mesure des progrès dans le traitement de la tumeur primitive, les risques présentés par les seconds cancers s'accroissent.
Les essais cliniques
Lorsque l'expérimentation animale ne peut pas donner d'indication suffisante, il n'est pas d'autre méthode que les essais cliniques pour évaluer les effets d'un produit. Ces essais sont faciles à interpréter quand le bénéfice est évident, mais ce dernier est souvent modeste. Or, pour un cancer fréquent, comme le cancer du sein ou du colon, une amélioration de 5 p. 100 du taux de guérison, qui peut sembler faible et est difficile à démontrer, représente un gain chaque année de plusieurs milliers de vies dans un pays comme la France. Le seul moyen de démontrer la supériorité d'une nouvelle méthode est alors d'administrer à deux groupes de malades aussi semblables que possible soit le traitement classique, soit le nouveau traitement qu'on espère supérieur, puis de comparer le devenir à long terme de ces deux groupes de malades. C'est grâce à de tels essais conduits avec rigueur que l'on a pu mettre au point puis estimer les bénéfices des nouvelles méthodes de radiothérapie, de chimiothérapie et de leurs associations. On a ainsi substitué des données objectives aux impressions subjectives fondées sur l'observation de quelques maladies. La mise en œuvre d'essais est donc un impératif moral vis-à-vis des maladies de demain, en veillant à ce que ces essais donnent toute garantie de respect des malades et ne leur fasse courir aucun risque – des structures médicales et des comités d'éthique doivent s'en assurer. Mais il ne faut jamais oublier que la plus grande faute contre l'éthique serait de ne pas faire d'essai, c'est-à-dire d'oublier les devoirs que l'on a envers les futurs malades. Or, actuellement, seuls 5 p. 100 des patients font l'objet d'essais thérapeutiques.
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Écrit par
- Maurice TUBIANA : professeur émérite de la faculté de médecine de Paris-Sud
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