CANCER Cancer et santé publique
Perspectives thérapeutiques nouvelles
Le choix d'un traitement dépend du type de la tumeur et de son extension au niveau local et à distance (métastases). Il nécessite une connaissance pratique des différentes possibilités d'action. Dans de nombreux cas, le traitement peut faire appel successivement ou simultanément à différents types de thérapeutique. Par exemple, l'acte chirurgical pourra être précédé ou suivi de chimiothérapie, chimiothérapie et radiothérapie pouvant être administrées simultanément ou séquentiellement. On explore à l'heure actuelle de plus en plus ces schémas thérapeutiques complexes pour individualiser le traitement en fonction des facteurs qui concourent au pronostic (cf. génomique et cancérologie).
À moyen et long terme, les perspectives de progrès sont riches de possibilités dans plusieurs domaines. Les progrès des connaissances fondamentales commencent à avoir des retombées cliniques notables. Les greffes de moelle permettent, par exemple, d'augmenter considérablement les doses de chimiothérapie, puisqu'on n'est plus limité par la crainte d'aplasie des tissus hématopoïétiques. Dans certains cas, on prélève de la moelle au malade avant le début du traitement puis on la lui réinjecte après la fin de celui-ci. Cette méthode ne peut être utilisée que lorsque la moelle n'est pas envahie par les cellules cancéreuses ou lorsqu'il est possible de détruire spécifiquement celles-ci avant réinjection. Quand cela n'est pas possible, on peut utiliser la moelle d'un sujet ayant le même groupe tissulaire, généralement un proche parent. Si les groupes tissulaires ne sont pas suffisamment semblables, le risque est soit un rejet de la moelle transplantée par le système immunologique du receveur, soit une réaction de la moelle transplantée contre le receveur ; cette réaction de greffon contre l'hôte est à l'origine de complications très graves et parfois mortelles. Malgré ces difficultés, la greffe de moelle prend une place croissante dans la stratégie thérapeutique, surtout pour les leucémies et les lymphomes.
L' immunothérapie a pour but de stimuler les réactions de l'organisme contre les cellules malignes. Cette méthode ne peut être utilisée que lorsque l'organisme reconnaît les cellules malignes comme différentes de ses propres cellules normales, ce qui n'est le cas que dans certaines tumeurs, notamment celles causées par des virus. L'expérimentation animale avait fait naître à cet égard des espérances trompeuses, car les tumeurs transplantables sont très différentes des tumeurs spontanées, et sont reconnues comme étrangères par l'organisme. Après une vogue initiale puis l'amertume des désillusions, on mesure mieux aujourd'hui les possibilités et les limites de l'immunothérapie. La preuve que l'immunothérapie pouvait jouer un rôle dans les tumeurs humaines a été apportée par S. A. Rosenberg quand il a obtenu des rémissions en réinjectant à un malade ses lymphocytes après les avoir prélevés puis cultivés in vitro en présence d'une cytokine, l'interleukine 2 (c'est un facteur de croissance des lymphocytes T, qui les fait se multiplier au cours des réactions immunologiques). Depuis lors, des résultats ont été obtenus en utilisant l'interleukine 2 seule, qui agit comme immunomodulateur puissant, mais qui a des effets toxiques. Les résultats encourageants ont surtout été obtenus chez des malades atteints de cancer du rein ou de mélanomes. Les recherches se sont dernièrement amplifiées grâce à une meilleure connaissance des cellules défensives du système immunitaire (lymphocytes T, NK, cellules dendritiques). On comprend mieux les mécanismes par lesquels les tumeurs peuvent bloquer ou contourner les défenses immunitaires, ce qui permet de lancer de nouvelles méthodes pour stimuler celles-ci.[...]
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Écrit par
- Maurice TUBIANA : professeur émérite de la faculté de médecine de Paris-Sud
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