CANCER Cancers et virus
L'oncogenèse virale
C'est en 1970, à la suite notamment de travaux de G. Torado, David Baltimore, que le terme oncogène a acquis sa validité scientifique.
Persistance du génome viral et transformation cellulaire
Le génome viral peut persister sous forme libre ou intégrée. Si le génome des rétrovirus (par exemple HTLV) est toujours intégré dans les cellules infectées et celui du virus simien SV40 fréquemment, dans les lignées cellulaires transformées, c'est-à-dire devenues cancéreuses, à l'inverse le virus Epstein-Barr persiste le plus souvent sous forme circulaire libre (épisomale) dans les tumeurs.
Le génome viral peut persister en entier (rétrovirus), ou intégré au génome de l'hôte sous forme de fragments (SV40), dont certaines régions suffiront pour jouer un rôle majeur dans la cancérisation.
Les phases d'initiation et de développement des cancers associés aux virus sont assez proches de celles qui sont observées dans les cancers induits par des carcinogènes chimiques ou physiques.
Comme dans les cellules tumorales non induites par des virus, on observe dans les cultures de virus oncogènes des modifications importantes de la croissance et de l'aspect de ces cellules, une « immortalisation » des cellules et des altérations physiologiques et morphologiques caractéristiques de l'état de transformation. Les modifications concernent notamment (sans être exhaustif) la croissance (augmentation de la densité cellulaire, perte de l'inhibition de contact...), le cytosquelette, la surface des cellules (diminution de l'adhérence aux supports solides...). Les cellules transformées acquièrent de nouvelles propriétés : modification du caryotype (contenu chromosomique), apparition d'antigènes tumoraux à la surface des cellules, potentiel de multiplication accru, et propagation indéfinie in vitro (immortalisation).
Notion d'oncogènes et de proto-oncogènes
On appelle oncogènes tous les gènes susceptibles de provoquer une cancérisation de la cellule, qu'ils soient cellulaires ou portés par un virus.
On appelle proto-oncogène un gène cellulaire normal qui devient oncogène s'il est anormalement régulé ou exprimé.
On appelle oncogènes activés les oncogènes qui, sous l'action d'un promoteur (ou d'autres mécanismes), expriment une activité cancérigène. Rappelons qu'un promoteur est une séquence qui assure la régulation du fonctionnement d'un gène. Une fois introduit dans l'ADN cellulaire, le gène viral activera, par l'intermédiaire de son promoteur, l'oncogène cellulaire.
Les exemples historiques des virus des leucoses aviaires et des virus du sarcome de Rous montrent le rôle respectif de ces oncogènes cellulaires et viraux et de leur activation.
Dans les deux cas, il s'agit de rétrovirus. Rappelons que les rétrovirus, dont le plus connu est le virus du sida (HIV), sont des virus à ARN dotés d'une transcriptase inverse, enzyme permettant la synthèse à partir de l'ARN viral d'un ADN complémentaire double brin qui s'intègre dans le génome cellulaire. Le génome de ces virus comporte notamment des séquences constantes LTR-Gag-Pol-Env-LTR (LTR pour long terminal repeat, gag pour antigène de groupe, pol pour polymérase, env pour enveloppe), sans compter des séquences régulatrices.
Dans le cas des virus des leucoses aviaires (ALV), le rétrovirus induit la transformation des cellules par activation d'un de leurs gènes (cf. figure, a), par son intégration au voisinage d'un proto-oncogène cellulaire ; dans celui du virus du sarcome de Rous, l'action est directe, via l'oncogène viral (cf. figure, b) et la prolifération cellulaire est liée aux caractéristiques propres au cycle de réplication rétroviral.
Rôle des virus dans la genèse des cancers
Mécanismes directs
Les mécanismes de transformation associés[...]
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Écrit par
- Sophie ALAIN : professeure des Universités, praticienne hospitalier
- François DENIS : docteur en médecine, docteur d'État ès sciences, professeur des Universités en bactériologie, virologie, hygiène
- Sylvie ROGEZ : professeure des Universités, praticienne hospitalier au CHU de Limoges
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