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CANCER Cancers et virus

Les principaux virus oncogènes humains

Virus humains oncogènes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Virus humains oncogènes

Il n'est pas possible d'être exhaustif, dans le cadre de cet article, et de développer tous les mécanismes, tous les arguments en faveur du lien virus-cancer et les aspects cliniques et thérapeutiques des cancers viro-induits chez l'homme. Sur l'ensemble de ceux-ci (cf. tableau), seuls certains aspects seront développés, à titre d'illustration.

Rétrovirus HTLV-1

Un rétrovirus, l'HTLV-1, est responsable de leucémies-lymphomes T de l'adulte (ATLL).

HTLV-1 (human T-lymphotropic virus-1) n' infecte pas moins de quinze à vingt-cinq millions de personnes dans le monde avec des zones de forte prévalence d'endémie (Japon, Amérique du Sud, Afrique subsaharienne). Ce virus est transmissible par le sang, par les rapports sexuels et de la mère à l'enfant par l'allaitement.

La séroprévalence est faible en France métropolitaine (0,004 p. 100 chez les donneurs de sang), mais de l'ordre de 2 à 3 p. 100 dans la population adulte en Martinique et Guadeloupe. Les leucémies-lymphomes T (ATLL) ne touchent que de 2 à 3 p. 100 des sujets infectés, avec une incidence de 1 cas par an pour 1 000 personnes infectées. Ce sont des maladies qui affectent des adultes (de quarante à soixante ans), prenant différentes formes cliniques : leucémique, lymphomateuse, chronique, voire smoldering (« rampante »). Les formes aiguës (leucémies ou lymphomes) sont rapidement mortelles, avec une médiane de survie de six mois. La pathogenèse de ces ATLL est encore mal connue mais on sait que ces cellules lymphomateuses ont intégré, de façon clonale, un ou plusieurs provirus HTLV-1, parfois défectifs mais conservant toujours la région pX codant deux protéines régulatrices Tax et Rex. Le rôle de la protéine transactivatrice Tax dans la carcinogenèse semble fondamental par son effet sur les gènes clés du cycle cellulaire.

Papillomavirus

Les papillomavirus humains (HPV) sont des virus à ADN circulaire non enveloppés au sein desquels on distingue plus d'une centaine de génotypes. Ces virus infectent les tissus épithéliaux et sont transmissibles sur le mode cutanéo-muqueux.

Papillomavirus et lésions du col utérin - crédits : Encyclopædia Universalis France

Papillomavirus et lésions du col utérin

Certains génotypes sont responsables de lésions tumorales bénignes telles les verrues ; d'autres sont dits HSIL (high-grade squamousintraepitheliallesions) à haut risque oncogène. Parmi la vingtaine de HPV à haut risque oncogène, les génotypes 16, 18, 31, 33 et 45 sont responsables de plus de 80 p. 100 des cancers associés aux HPV.

Les HPV pénètrent les épithéliums cutanés ou muqueux à la faveur de microlésions. La plupart des infections évoluent dans le sens d'une clairance virale qui aboutit à la guérison spontanée de l'infection ; mais l'ADN viral peut aussi persister sous forme intégrée au génome cellulaire et entraîner des lésions précancéreuses ou cancéreuses. L'intégration de l'ADN conduit à une hyperexpression des gènes E6 et E7, qui jouent un rôle majeur dans la transformation cellulaire. Les deux protéines qu'ils induisent sont en effet capables de se lier aux protéines cellulaires p53 et pRb et d'inactiver ainsi deux protéines intervenant dans le cycle de multiplication cellulaire.

Les papillomavirus seraient à eux seuls responsables de 15 p. 100 des cancers chez la femme et de 10 p. 100 des cancers chez l'homme.

Virus des hépatites B et C et cancers primitifs du foie

Deux virus sont susceptibles de provoquer des cancers du foie. Ils n'ont aucune parenté entre eux : le virus de l'hépatite B (HBV) est un virus à ADN et le virus de l'hépatite C (HCV), un virus à ARN.

Pour ces deux virus, il existe un même processus de chronicité de l'inflammation qui se complique à long terme de cirrhose puis de carcinome. Ce premier mécanisme apparaît indirect et secondaire au processus de nécrose et de prolifération hépatocytaire chronique avec activation[...]

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Écrit par

  • : professeure des Universités, praticienne hospitalier
  • : docteur en médecine, docteur d'État ès sciences, professeur des Universités en bactériologie, virologie, hygiène
  • : professeure des Universités, praticienne hospitalier au CHU de Limoges

Classification

Médias

Souris transgénique et oncogenèse - crédits : Encyclopædia Universalis France

Souris transgénique et oncogenèse

Transformation cellulaire et rétrovirus. - crédits : Encyclopædia Universalis France

Transformation cellulaire et rétrovirus.

Proto-oncogènes cellulaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Proto-oncogènes cellulaires

Autres références

  • CANCER ET ENVIRONNEMENT

    • Écrit par
    • 1 542 mots
    • 3 médias

    Jusqu'à récemment prévalait l'idée que la plupart des cancers sont causés par notre mode de vie. Depuis la Seconde Guerre mondiale, notre environnement s'est profondément modifié et, simultanément, de nouvelles maladies sont apparues, tandis que d'autres, tels les cancers, sont devenues beaucoup plus...

  • GÉNOMIQUE - Génomique et cancérologie

    • Écrit par et
    • 4 785 mots
    • 1 média

    Le décryptage du génome humain, au début du xxie siècle, a facilité l'analyse du fonctionnement cellulaire sous l'influence des gènes. D'où l'entrée en scène d'une génomique fonctionnelle cancérologique qui s'attache notamment à comprendre, afin de les contrôler, les mécanismes de l'...

  • MÉTASTASES, médecine

    • Écrit par
    • 7 561 mots
    • 4 médias

    Le terme « métastase » fut proposé en 1829 par Joseph Claude Récamier qui fut le premier, dans son traité Recherches du cancer, à montrer, par des observations anatomiques, que les métastases provenaient de l'émigration des cellules cancéreuses hors de la tumeur primaire et de leur greffe...

  • ADÉNOGRAMME

    • Écrit par
    • 626 mots

    L'adénogramme correspond à l'examen du frottis du suc ganglionnaire après ponction d'un ganglion. La ponction de ganglion est une technique simple et sans danger. Le ganglion est piqué avec une aiguille, et le suc ganglionnaire est éjecté sur une lame grâce à une seringue. Ce suc est ensuite...

  • ADN (acide désoxyribonucléique) ou DNA (deoxyribonucleic acid)

    • Écrit par , , et
    • 10 074 mots
    • 10 médias
    ...télomérase. Il se trouve qu’on sait depuis 1994 que la télomérase est une enzyme clé de la cancérisation puisqu’elle est surexprimée dans près de 85 p. 100 des cancers tout en étant inactive dans les tissus sains. Ainsi, la télomérase est un marqueur de cancers dont l’activité peut être modulée par la structure...
  • AGNOTOLOGIE

    • Écrit par
    • 4 992 mots
    • 2 médias
    ...fin du xxe siècle. Proctor, qui avait auparavant travaillé sur la médecine raciale dans l’Allemagne nazie, introduit l’expression en 1995 dans Cancer Wars, ouvrage dont le sous-titre –  « Comment les politiques publiques façonnent ce que nous savons et ce que nous ne savons pas sur le cancer...
  • AMIANTE ou ASBESTE

    • Écrit par , et
    • 3 488 mots
    L'exposition à l'amiante entraîne, par ordre de fréquence décroissante, des cancers broncho-pulmonaires, des mésothéliomes et d'autres tumeurs primitives de la plèvre et, avec une moins grande certitude, des cancers gastro-intestinaux, en particulier des cancers de l'estomac.
  • Afficher les 92 références